Guantanamo, la prison qui coûte cher

Un terrain de football et un terrain de baseball aux pelouses parfaites : 7,3 millions de dollars. Une piste de go-kart équipée de six voitures électriques : 296 000 dollars. Il ne s'agit pas des infrastructures sportives d'une prestigieuse université américaine, mais d'une partie des aménagements construits par l'administration américaine dans la baie de Guantanamo depuis 2001. Selon des informations du Washington Post, le Pentagone a dépensé au total « plus de 500 millions de dollars pour construire et rénover la base navale et le centre de détention de la baie de Guantanamo ». Symbole de la guerre contre le terrorisme lancée par le président Bush suite aux attentats du 11 septembre, Guantanamo a accueilli les prisonniers arrêtés par les Etats-Unis dans le monde entier, atteignant en 2003 un pic de 680 détenus.13 millions pour un tribunalDans la longue liste des dépenses triviales relevées par le journal américain, figurent en bonne place le panneau lumineux de 188000 dollars à l'entrée de la base militaire et son clinquant « Welcome Aboard » (Bienvenue à bord), la reconversion d'un ancien entrepôt en restaurant KFC pour le bon confort des 5500 habitants de la base (773000 dollars), ou encore les 27 terrains de jeux pour les 398 enfants de moins de 18 ans présents sur l'île, alors que le ratio habituel à Washington n'en aurait prévu que deux. Mais les Etats-Unis n'ont pas regardé à la dépense, quand il a fallu transformer la base militaire archaïque en une prison de haute sécurité. En 2002, une filiale du groupe Halliburton a investi 169 millions de dollars pour construire le célèbre camp de détention X Ray, connu dans le monde entier pour les images de détenus agenouillés dans des cellules grillagées. Près de 13 millions de dollars ont également été dépensés pour construire un tribunal spécial destiné à juger le « cerveau » des attentats du 11 septembre, Khalid Cheik Mohammed. Et ça continue. Le prochain projet ? L'agrandissement du pub irlandais O'Kelly's, très populaire chez les militaires.Transfert dans l'IllinoisCes révélations surgissent alors que le président Obama, qui avait fait de la fermeture de Guantanamo une promesse de mandat, connaît des grandes difficultés à honorer ses engagements. En effet, la fermeture du centre de détention, qui accueille encore 180 prisonniers, pose d'importants problèmes juridiques pour des détenus parfois enfermés sans procès et sans respect du droit américain. En cas de déménagement dans l'Etat de l'Illinois, comme souhaité par le Président, les Etats-Unis devraient invalider une partie des détentions des prisonniers et les remettre à leur pays d'origine. Pour les opposants, il est tout simplement impensable de relâcher des terroristes aussi dangereux. Fin mai, le Congrès a ajouté une difficulté supplémentaire en approuvant un projet de loi visant à interdire la création d'un centre de détention sur le sol américain pour ce type de détenus, jugés trop dangereux. Promesse de campagnePour Charlotte Lepri, spécialiste des Etats-Unis à l'IRIS (Institut de relations internationales et stratégiques), Barack Obama ne peut plus reculer. « C'est une promesse de campagne qu'il doit tenir. Guantanamo représente la torture, les jugements sans procès, le président Bush. Pour le président américain, c'est avant tout un symbole à abolir, même si cela doit prendre du temps. » Mais le temps risque de manquer au Président. Il s'était déjà engagé à fermer Guantanamo avant la fin janvier 2010. En novembre auront lieu les élections de mi-mandat, propices à un premier bilan de son action. « Obama est déjà critiqué pour certaines promesses qu'il n'a pas réussi à concrétiser », explique Charlotte Lepri. « Il a donc à coeur de fermer Guantanamo le plus vite possible. Mais avant novembre, ce sera très difficile».
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