Et pendant ce temps, le pétrole monte

Tenus en haleine par la dégringolade du dollar, et le renchérissement de l'euro, on l'aurait presque oublié. Pourtant, son envolée spectaculaire au cours de la semaine dernière nous rappelle à son bon souvenir. Mine de rien, le pétrole regagne du terrain.En une semaine, à New York, aidé par un dollar au plus mal et des marchés haussiers, le baril de brut américain, objet de toutes les spéculations, s'est hissé au-delà des 75 dollars le baril, un seuil qu'il n'avait plus franchi depuis octobre 2008. Vendredi, au mieux de sa forme, il n'était plus qu'à quelques encablures des 80 dollars, à 78,75 dollars, après la décision de la rébellion au Nigeria de suspendre sa trêve? Alors, certes, le cap insensé de juillet 2008, époque à laquelle le pétrole valait 147 dollars, est encore lointain, mais les cours ont déjà plus que doublé depuis la fin de l'an dernier. Ce qui n'est pas rien, surtout à l'aune d'une sortie de crise incertaine.« Si le pétrole sortait de cette fourchette, comprise entre 70 et 80 dollars, il faudrait s'attendre à ce que se produisent rapidement des pressions inflationnistes », estime Philippe Ferreira, économiste à la Société Généralecute; Générale. « En ce cas, poursuit-il, les banques centrales seraient confrontées à un dilemme car un resserrement des politiques monétaires avant l'heure risque de faire dérailler la reprise de la croissance mondiale. » Mais quelle chance a ce scénario ? Certaines banques d'investissement comme Barclays Capital n'hésitent pas à voir le cours du baril flamber à 90 dollars d'ici deux mois. Mais leurs pronostics détonnent par rapport au consensus.jeux de pronosticsSelon le consensus calculé par Bloomberg à partir d'une dizaine d'analystes, les prix devraient rester sur une moyenne de 65 dollars cette année, puis de 75 l'année prochaine, et enfin de 85 et 93 les années suivantes. « Dans la région du Golfe, les pronostics tablent sur une évolution durable du baril autour de 70 à 80 dollars, rappelle Jean-Marie Péan, président de Bain Company Middle East. Ce niveau est un prix d'équilibre qui satisfait à la fois les pays producteurs, les compagnies pétrolières, tout en étant suffisamment élevé pour éviter qu'il ne soit gaspillé et pour que les réserves durent plus longtemps. » Même si, reconnaît-il, cet équilibre est précaire. « Il n'est pas exclu qu'il vacille si la Chine consomme davantage par exemple. Il suffit d'un peu de demande supplémentaire pour créer un déséquilibre. » La Réserve fédérale et la BCE pourraient cependant bénéficier d'un répit.Les signaux avant-coureurs de la reprise mondiale restent à confirmer. Si l'Agence internationale de l'énergie et l'Opep ont revu à la hausse leurs estimations de croissance de la demande mondiale, aux États-Unis, le niveau des réserves reste encore historiquement élevé. En outre, l'offre, à plus long terme, pourrait garantir, avec la découverte de récents gisements en Afrique et en Amérique latine, quelques surprises. Dans ce contexte, selon Nimit Khamar, analyste chez Sucden, « le marché pourrait tester le seuil de 80 dollars, mais une rechute des prix sous 75 dollars et même vers 70 dollars reste un scénario crédible ». À voir.
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