Les belles évolutions

vinsGérard Perse vient de fêter ses 60 ans. Il adore toujours prendre son vélo pour une balade de 80 kilomètres, sur les rives de la Dordogne. Dans sa jeunesse, il pratiquait régulièrement ce sport et il a même frôlé le passage en professionnel. Finalement, la vie l'a conduit sur un autre chemin. Il est devenu distributeur franchisé du groupe Promodès, propriétaire de quelques grandes surfaces, et il a dû les approvisionner en vin.Cette quête l'a conduit autour du beau village de Saint-Émilion. En 1993, il rachète le Château Monbousquet, un vignoble à fort potentiel, mais qui a besoin d'investissements. Il les entreprend, draine le vignoble, démolit l'ancien cuvier, en rebâtit un neuf, limite volontairement le rendement à 28-32 hectolitres par hectare. Monbousquet à la chance d'avoir un terroir plutôt graveleux, qui conserve bien la chaleur et convient aux cabernets, cépages à maturation tardive. Leur proportion dans l'assemblage (20 % de cabernet franc, 10 % de cabernet sauvignon et 70 % de merlot) est plus importante qu'ailleurs. Ce qui fait dire aux amateurs que Monbousquet a des allures de cru du Médoc.Monbousquet est un galop d'essai qui vaut un galop de maître. Gérard Perse l'a acheté sur un coup de c?ur. Pour aller plus loin, il cherche une autre propriété, mais uniquement sur des critères techniques. La loi Raffarin, qui limite l'implantation de grandes surfaces en France, lui donne les moyens de son ambition. Grâce à l'intervention mal calculée de l'État, le prix de ses magasins est multiplié par quatre.En 1997, il rachète Pavie Decesse, un grand cru classé Saint-Émilion constitué d'un vignoble de 3,5 hectares sur le plateau de Saint-Émilion. En 1998, il ajoute Château Pavie, une magnifique propriété de 42 hectares, où l'on distingue trois terroirs?: le plateau calcaire, à 85 mètres du niveau de la Dordogne, la côte, avec des argiles denses et profondes posées sur du calcaire friable, et le pied de côte.millésime « gamin »Gérard Perse fait d'énormes investissements dans les chais et procède par petites touches sur le vignoble. De son aveu, il évolue lui aussi?: « J'ai fait beaucoup de marche arrière, notamment sur le bois, précise-t-il. À la fin des années 90, lorsque j'ai acheté Pavie, si le vin n'était pas élevé à 100 % dans des barriques neuves, on laissait entendre que cela ne ferait pas un grand vin. » Pour le millésime 2009, qui sera exceptionnel, il ne mettra, au maximum, que 60 % de bois neuf.« Pavie est un vin qu'il faut projeter dans le temps, assure Gérard Perse. Ce n'est pas un vin qui donne du plaisir immédiat. Il faut attendre au moins une dizaine d'années pour l'apprécier. » À la dégustation, le millésime 2000 faisait « gamin ». Un gamin à fort potentiel, qui est aussi l'expression des premières méthodes de Gérard Perse. « Je me suis toujours fait le défenseur des vins mis en bouteille non collés, non filtrés, explique-t-il. Or, depuis le millésime 2006, je colle les vins avec 3 blancs d'?ufs par barrique. Je me suis aperçu qu'un vin non filtré avait, dans sa jeunesse, plus de matière sous la langue et que cela le pénalisait. Or, on est jugé sur les trois premières années. Je viens de goûter les 2006, et c'est beaucoup plus fin et soyeux que par le passé. »
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