EDF veut influer sur l'avenir d'Areva

Stupéfaction. Les premiers propos publics d'Henri Proglio, futur PDG d'EDF, ont quelque peu surpris hier. Dans « Les Échos » du 18 novembre, l'actuel PDG de Veolia se lance dans une charge à l'encontre des acteurs français du nucléaire, jugés en particulier peu efficaces dans l'appel d'offres en cours à Abu Dhabi. « Mon ambition est d'avoir une filière nucléaire française qui fonctionne. Cela implique qu'on repense toute la filière », déclare-t-il. Et il suggère qu'EDF entre, aux côtés « d'autres acteurs français et étrangers » au capital de la filiale d'Areva en charge de la construction des réacteurs (Areva NP, l'ex-Framatome). « Pour autant, pas de nécessité de démanteler Areva », précisait hier l'entourage de Proglio. En clair, EDF et d'autres se substitueraient à Siemens, qui est en train de vendre à Areva ses 34 % dans Areva NP.Après des années d'atermoiements du gouvernement sur l'avenir capitalistique d'Areva, la question semblait pourtant avoir été tranchée fin juin. Après avoir envisagé une fusion avec Alstom, l'Élysée a décidé de faire entrer, à hauteur de 15 %, des « partenaires » au tour de table d'Areva, via une augmentation de capital. Les propos d'Henri Proglio, nommé très récemment par Nicolas Sarkozy, laissent à penser que le dossier Areva reste ouvert. La présidence de la République a cependant précisé hier à Reuters que les déclarations du futur patron d'EDF n'ont pas été coordonnées avec elle. « Ses propositions seront examinées le moment venu, mais elles n'ont pas fait l'objet à ce stade d'analyse technique », a-t-on précisé à l'Élysée, en confirmant la volonté qu'EDF s'implique davantage dans la structuration de la filière nucléaire, notamment à l'exportation.écarter gdf SuezEDF et Areva sortent d'années de rivalités qui n'ont pas favorisé la vente de l'EPR français à l'international. « EDF a refusé fin 2007 de s'associer à Areva pour répondre à l'appel d'offres à Abu Dhabi », affirme-t-on en interne chez le constructeur nucléaire, qui s'est associé, finalement, avec GDF Suez et Total.En proposant qu'EDF entre au capital d'Areva, Henri Proglio fait d'une pierre deux coups. Il affiche son ambition de redonner à EDF son rôle historique de leader de la filière français. Et il barre la route du nucléaire à son grand concurrent de toujours, Gérard Mestrallet, patron de GDF Suez, qui a obtenu de participer au prochain EPR français à Penly. « Pas grave », minimise-t-on chez GDF Suez. « Nous n'avons pas fait le choix d'une technologie exclusive. Nous sommes bien placés pour participer au renouveau du nucléaire dans plusieurs pays, dont le Brésil », ajoute-t-on.Chez Areva aussi on garde son calme?: « Anne Lauvergeon, qui a rencontré Henri Proglio la semaine dernière, partage son souhait de voir renforcées et optimisées les relations entre les deux entreprises ». Ce qui pourrait passer par une meilleure coordination à l'export, des retours d'expérience renforcés sur le parc actuel, notamment pour relever son taux de disponibilité? Quant à l'hypothèse d'une montée d'EDF au capital d'Areva, « l'État a déjà repoussé deux fois, dont début 2009, ce souhait de notre principal client », souligne-t-on en interne. nEDF désire entrer au capital de la filale Areva NP, chargée de la construction des réacteurs.
Commentaire 0

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

Il n'y a actuellement aucun commentaire concernant cet article.
Soyez le premier à donner votre avis !

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.