Dépendance  : Darcos prend date avec les assureurs

La future réforme de la couverture de la dépendance pourra reposer sur un partenariat public-privé. « Mais il faut un échange entre pouvoirs publics et assureurs sur la fiabilité des contrats d'assurance et leur labellisation », a estimé vendredi le ministre du Travail, de la Famille et de la Solidarité, Xavier Darcos. Venu conclure les rencontres du Conseil d'orientation et de réflexion de l'assurance (Cora) sur le sujet, il a annoncé la création « en tout début d'année 2010 » de groupes de travail avec les assureurs, en vue d'organiser une table ronde globale sur la dépendance dès le premier trimestre. La date de la réforme en elle-même n'a pas été évoquée par le ministre, ni la création de la dépendance comme cinquième branche de la Sécurité sociale. « La solidarité nationale doit rester la première source de financement », a néanmoins rappelé le ministre, tout en ajoutant que « l'état des finances publiques et l'ampleur du problème imposent de trouver d'autres financements ».urgenceLe système mixte public-privé qu'il envisage devra être très encadré afin d'en « garantir l'efficience et la lisibilit頻. Pour Xavier Darcos, le travail sur des critères clairs et compréhensibles par tous est essentiel. Il est favorable à la création d'un droit individuel à l'information sur la dépendance comme il en existe un sur la retraite. La question des critères et de la définition de la dépendance a d'ailleurs été débattue par les intervenants du Cora vendredi, opposant sur certains points démographes, gériatres et assureurs.Ils partagent cependant le sentiment de Lucie Taleyson, responsable des risques Vie chez Axa insistant sur l'« urgence de traiter ce risque dès maintenant ». La population dépendante va augmenter de 50 % d'ici à 2040 et atteindre 1,6 million de personnes pour un coût de prise en charge représentant 1,5 % du produit intérieur brut, selon Manuel Plisson, consultant chez PricewaterhouseCoopers et auteur d'une thèse sur la dépendance. Actuellement, une personne dépendante a besoin de 2.500 à 4.500 euros par mois, à comparer avec un revenu moyen de 1.500 euros. « Plus on attend, plus cette réforme sera difficile et coûteuse », a affirmé Bernard Spitz, le président de la Fédération française des sociétés d'assurance (FFSA) considérant qu'il s'agit d'un risque assurable à moindre coût. « Un contrat souscrit entre 40 et 60 ans revient à moins de 30 euros par mois. C'est moins cher que l'accès à une ligne Internet haut débit », a remarqué Gérard Méneroud, directeur général adjoint de CNP et président de l'Arrco. Pourtant, seulement 3 millions de Français sont actuellement assurés contre le risque de dépendance (soit 387 millions d'euros de cotisations au total), pour une rente moyenne garantie de 540 euros par mois. Moins de la moitié ont souscrit dans le cadre d'un contrat collectif. Une formule pourtant moins coûteuse, a observé Guillaume Sarkozy, délégué général du groupe paritaire Malakoff Médéric, déplorant le trop faible développement des contrats dépendance d'entreprises.Il faut « rendre l'assurance obligatoire », selon Gaby Bonnand, secrétaire national de la CFDT. Mais la « rendre obligatoire n'augmentera pas le taux de couverture des Français », a affirmé Gérard Méneroud, rappelant que les Français sont couverts à 94 % par une assurance auto (obligatoire) et à 98 % par une assurance habitation (facultative). Une assurance dépendance facultative suppose cependant selon Philippe Trainar, économiste en chef du réassureur Scor, que « l'État intervienne pour couvrir les personnes insuffisamment fortunées pour souscrire une assurance ». Et suppose aussi de pénaliser les personnes qui, bien qu'en ayant les moyens, n'auraient pas souscrit d'assurance dépendance. Dans ce cas, Philippe Trainar est favorable à ce que l'État se rembourse sur l'héritage des imprévoyants. n« La solidariténationale doit rester la première source de financement du risque dedépendance. »
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