Quand l'apprentissage aiguise les appétits ministériels

L'apprentissage a toujours été l'un des outils favoris des responsables politiques pour lutter contre le chômage des jeunes. Mais il a rarement suscité autant d'appétits ministériels que depuis la nomination du « nouveau » gouvernement Fillon à la mi-novembre. Il est vrai que le chef de l'État a placé la barre très haut, avec un objectif de 800.000 jeunes en alternance d'ici à 2015, contre 550.000 aujourd'hui. Xavier Bertrand et Nadine Morano se livrent, en effet, à une concurrence acharnée pour s'imposer comme tête de file sur le dossier de l'apprentissage. Tous deux peuvent y prétendre. Le premier, ministre du Travail, de l'Emploi et de la Santé, est comptable de l'évolution de la courbe du chômage, et tout particulièrement de celle des moins de 25 ans. La seconde, ministre déléguée à l'Apprentissage et à la Formation professionnelle, entend exercer pleinement ses prérogatives. Quitte à s'affranchir de la tutelle de la rue de Grenelle dont elle dépend pourtant. Conséquence, en moins de deux mois, les deux ministres ont multiplié les déplacements sur le thème de l'apprentissage. Chez Mettler Toledo à Viroflay ou à la Compagnie parisienne de chauffage urbain à Paris pour Xavier Bertrand. Dans un centre de formation d'apprentis parisien, à la gendarmerie d'Issy-les-Moulineaux ou à Berlin pour l'inévitable étude du modèle allemand pour Nadine Morano. L'idée d'un bonus-malusEt chacun d'avancer ses pions en vue du grand plan de relance de l'alternance qui doit être présenté en février ou mars. À peine l'entourage de Xavier Bertrand commence-t-il à lancer des pistes de réforme, notamment autour de l'idée d'un bonus-malus de la taxe d'apprentissage, que Nadine Morano renchérit en défendant une conditionnalité des aides publiques à l'embauche d'apprentis. Début janvier, le scénario inverse se produit. Dans un entretien aux « Échos », Nadine Morano propose de relever le quota obligatoire de jeunes en apprentissage de 3 à 4 % des effectifs des entreprises. Quelques jours plus tard, Xavier Bertrand nuance largement, estimant que le problème est surtout de trouver « un système plus incitatif », que la « taxe (qui) aujourd'hui est uniforme ». Ambiance. Agnès Laurent
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