Le PS débat d'un compromis sur la réforme des retraites

En quelques heures, la réforme des retraites s'est invitée dans l'agenda des socialistes. Mardi soir, le bureau national du PS devait initialement se pencher sur les régionales. En fait, c'est surtout de retraites dont il a été question. La raison de ce changement ? Les propos ? mûrement réfléchis ? de Martine Aubry, dimanche soir au « Grand Jury RTL-?Le Figaro?-LCI », reconnaissant qu'il faudrait repousser à 61 ou 62 ans le départ à la retraite.En tout cas, mardi toute la journée, les leaders socialistes se sont sentis obligés de prendre position sur le dossier des retraites que Nicolas Sarkozy compte ouvrir après les élections. Michel Rocard a salué « le courage [de Martine Aubry] d'envisager un recul de l'âge de départ à la retraite ». « Elle lève un obstacle », a ajouté l'ancien Premier ministre. Plusieurs responsables du PS ont profité des propos d'Aubry pour se déclarer favorables à une coopération entre gouvernement et opposition sur le sujet. Manuel Valls, le député-maire d'Evry, a souhaité « un pacte national ». Le député de Saône-et-Loire, Arnaud Montebourg s'est, lui, déclaré favorable à « un compromis ». Le fabusien Claude Bartolone, président du conseil général de Seine-Saint-Denis, est « prêt à un débat honnête ». « Aucun débat n'est tabou concernant l'âge de départ en retraite », a renchéri Bruno Le Roux, le porte-parole du groupe PS à l'Assemblée. Quelques jours plus tôt, dans une lettre ouverte à Martine Aubry, le député de Paris Jean-Marie Le Guen, proche de DSK, réclamait « un compromis social avec le gouvernement ». Seule la voix de Benoît Hamon semble dissonante. Il affirmait en effet lundi, lors du point de presse hebdomadaire, que « le PS reste attaché au maintien de l'âge légal de la retraite à 60 ans ».AmbiguïtéMais le porte-parole est-il vraiment en désaccord avec sa première secrétaire ? Ambiguë, Aubry n'a pas précisé s'il s'agissait de repousser l'âge légal de départ fixé en 1982, ou s'il fallait envisager un allongement de la durée de cotisation. Elle a en revanche assorti son avancée sur la durée de travail de deux conditions : la prise en compte de la pénibilité et la question de l'emploi des seniors.En faisant de ces conditions un préalable à un accord sur une réforme des retraites, Aubry renvoie la balle dans le camp de Sarkozy. Elle sait que l'exécutif aura beaucoup de mal à proposer des solutions concrètes sur ces sujets. Et ménage aussi ses relations avec les syndicats qui ont fait des retraites, à l'image de Jean-Claude Mailly, un casus belli avec le pouvoir. Mardi, devant la presse, François Chérèque pour la CFDT a, lui, soupçonné le gouvernement de « mettre en avant le dossier des retraites pour zapper sur la situation économique et sociale ». Interrogé par la presse sur le recul de l'âge légal de la retraite, il a salué « l'évolution du discours à gauche, notamment du Parti socialiste », y voyant « quelque chose d'intéressant ». Selon lui, on doit « débattre sans tabou » et « on ne peut pas rentrer dans une réforme que par un seul paramètre et ne jouer que sur l'âge. Tout doit être sur la table ». Enfin, il s'est prononcé « pour un rapprochement » des régimes de retraite du secteur public et du secteur privé « progressivement ».
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