Le suisse Roche risque gros sur l'anticancéreux Avastin

Les dirigeants de Roche retiennent leur souffle. Un comité d'experts (Advisory Committee) des autorités de santé américaines (FDA) doit se prononcer ce mardi sur l'anticancéreux Avastin, premier médicament du laboratoire suisse (4,5 milliards d'euros de ventes l'an dernier). Ils doivent accepter ou non le maintien du médicament contre le cancer du sein en « première ligne » (comme première option de traitement avec une chimiothérapie). En 2008, la FDA avait accordé une approbation « accélérée » à l'Avastin dans cette indication, sous réserve de nouvelles études. Le cancer du sein devrait rapporter à Roche près du tiers des revenus du médicament (également prescrit contre les cancers du côlon, du poumon et du rein) dont plus de 700 millions d'euros aux États-Unis cette année. Or, la FDA vient de publier une première analyse, guère favorable, des études supplémentaires fournies par Roche. Elles « ne permettent pas de confirmer l'ampleur de la survie [des patients] sans progression [de la maladie] », indique-t-elle. De quoi faire perdre plus de 4 % à l'action Roche vendredi, et semer le doute. L'Avastin est l'un des traitements les plus chers au monde (les États-Unis ont limité son prix à 55.000 dollars par an) mais la décision du Comité ne prend en compte que ses aspects médicaux.« Il est normal que le résumé de la FDA soit à charge, puisque c'est pour donner un avis sur les dossiers incertains qu'elle mandate le comit頻, nuance Jean-Jacques Le Fur, analyste chez Oddo, qui voit dans le taux de pénétration du produit (55 % des patientes se le voient prescrire en première ligne) un argument en sa faveur. Un avis défavorable ferait perdre à Roche 4 % à 5 % sur son bénéfice par action, selon les analystes de Cheuvreux, qui n'excluent pas un « effet boule de neige » en Europe - où l'Avastin est pourtant approuvé depuis 2007. Aux États-Unis en 2008, contrairement à la majorité des cas, la FDA avait dit oui au produit en passant outre l'avis négatif des experts... de l'Advisory Committee. Audrey Tonnelie
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