Retraites et pénibilité : « Il y a une usure au travail qu'il faut prendre en compte »

Durant les trois jours à venir, la commission des affaires sociales de l'Assemblée nationale va examiner et amender la réforme des retraites. Comment voulez vous la faire évoluer ?En comparaison avec les autres systèmes de retraite européens, nous aurons là, avec cette réforme, un système équilibré, juste et responsable, que tout parlementaire de la majorité est à même de défendre. La question des carrières longues a été, notamment, bien traitée. Ainsi, en additionnant ce dispositif et celui concernant l'incapacité à 20%, près de 100.000 personnes - soit le sixième des générations quittant la vie active à compter de 2018- pourront le faire avant ou à l'âge de 60 ans.Les syndicats jugent très limité le dispositif visant à traiter la pénibilité, qui ne concernerait que 10.000 personnes chaque année... Lors de visites d'entreprises que j'ai pu réaliser dans ma circonscription, j'ai pu mesurer une nouvelle fois l'impact des travaux pénibles. Ainsi, lorsque, dans un abattoir, un ouvrier travaille au désossage pendant plus de vingt ans, il y a une usure qu'il faut prendre en compte.Comment ?Il faut s'appuyer sur des exemples d'entreprises qui, comme Rhodia, ont signé des accords en faveur des salariés ayant exercé longuement des travaux pénibles. De tels accords peuvent prévoir, pour ces salariés, des régimes de temps partiels, du tutorat, ou, dans certains cas, des départs anticipés. Pour encourager la signature de tels accords, il serait bon que la solidarité interprofessionnelle participe au financement de ces initiatives, prenant en charge une partie du coût.Qui supporterait le reste du financement ?Il n'est pas question d'accroître le déficit du budget de l'Etat, ni celui des comptes sociaux. D'autres voies sont à étudier. Ainsi, à comparer notre système d'assurance chômage à ceux en vigueur ailleurs en Europe, notamment en Allemagne, on s'aperçoit qu'il existe des marges d'économie justes et de redéploiement. Sur l'idée d'un fonds finançant la pénibilité, comme sur son financement, nous allons demander au gouvernement des propositions concrètes.Le gouvernement ne va-t-il pas voir là la création de nouveaux régimes de pré-retraite ?Non car nous voulons encadrer très strictement les départs anticipés.Faut-il aller plus loin dans la mise à contribution des hauts revenus ?Aujourd'hui, oui, je le pense. Certes les prélèvements obligatoires sont élevés en France, sur la consommation ou le travail, en revanche l'impôt sur le revenu est l'un des plus faibles d'Europe. Mais c'est une discussion que nous devons avoir lors du projet de loi de finances. Il s'agira avant tout de réduire le déficit budgétaire.Le rapport présenté par l'UMP préconise l'instauration d'un recul automatique de l'âge légal, après 2018, au-delà de l'âge de 62 ans, en fonction de l'évolution de l'espérance de vie. Allez-vous amender le projet gouvernemental en ce sens ?Même si des propositions ont été faites dans ce sens, je pense que la majorité au sein de l'UMP et du Nouveau Centre n'est pas favorable au dépôt d'un tel amendement. Il est très difficile de prévoir à long terme des paramètres tels que la croissance, la productivité, qui déterminent les ressources des régimes de retraite. L'UMP se prononce en outre pour la création d'une caisse des retraites des fonctionnaires, initiative que le gouvernement ne soutient pas....Je peux comprendre que certains dans la majorité veuillent aller, là comme ailleurs, vers plus de transparence et de responsabilité. J'ai toujours défendu l'idée d'un rapprochement progressif du régime de retraite public sur celui du privé. n PIERRE MÉHAIGNERIE, PRÉSIDENT DE LA COMMISSION DES AFFAIRES SOCIALES DE L'ASSEMBLÉE NATIONALE
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