Si, en Allemagne et en Chine, les usines tournent à plein régime, on ne peut pas en dire autant des Etats-Unis. Alors qu'il progressait depuis l'an dernier, l'indice de la Réserve fédérale de Philadelphie, mesurant l'activité manufacturière de la région et considéré comme un bon indicateur de l'état de l'économie, a accusé une brusque baisse en août. Il est passé de + 5,1 en juillet à - 7,7, son plus bas niveau depuis plus d'un an. Cette contraction, annoncée ce jeudi, a jeté un froid chez les opérateurs. Dans le sillage du marché américain, les taux à dix ans allemands et français ont touché de nouveaux plus-bas historiques (à 2,30 % et 2,59 %). Les économistes voient eux aussi d'un mauvais oeil la dégradation de l'activité manufacturière. Elle illustre une baisse de moral des consommateurs. prudenceInquiets de perdre leur emploi, comme 15 millions d'Américains qui en sont déjà privés, ou conscients de l'extrême difficulté à en retrouver un autre rapidement, les ménages rechignent à la dépense. Des volumes d'achats moindres se traduisent fatalement par de plus faibles commandes à l'industrie, et partant, par un indice manufacturier en berne. Associée au fait que les besoins, en matière de consommation, sont de plus en plus couverts par des produits bon marché importés de Chine, cette prudence de la part des ménages induit à son tour une dégradation du marché de l'emploi. Sans commandes, les usines ne peuvent tourner et encore moins embaucher. Pas étonnant qu'une fois de plus, les nouvelles inscriptions hebdomadaires aux allocations chômage soient en hausse. Sur la semaine passée, elles ont grimpé à un demi million (contre 488.000 la semaine précédente), au plus haut depuis neuf mois.Autant dire que ce cercle vicieux menace de se transformer en spirale, entraînant la reprise vers le bas, ou, au pire, l'étouffant carrément. Une chose est claire en tout cas : contrairement aux cycles économiques précédents, qui voyaient toute reprise américaine naissante tirée par l'immobilier d'une part, et le secteur manufacturier, de l'autre, ce ne sera pas le cas cette fois-ci. Lysiane J. Baudu

latribune.fr

19 Août 2010, 23:23

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