La retraite à 60 ans au coeur de la bataille

Ballon d'essai ou décisions arrêtées ? Durant le long week-end de Pentecôte, plusieurs sources gouvernementales ont dévoilé les orientations probables de la réforme des retraites, qui doit être connue aux environs du 20 juin. Dans une certaine confusion. Ainsi, Christian Estrosi, ministre de l'Industrie, a affirmé dimanche au Grand Jury RTL-LCI-« Le Figaro » que, « forcément, on s'oriente vers une augmentation de l'âge de la retraite, qui devrait dépasser les 60 ans ». Mais le ministre du Travail, Éric Woerth, chargé de la concertation sur la future réforme, a refusé, lui, d'entrer « dans un débat interne au gouvernement à la télévision ». Invité sur BFM TV, il a souligné que le recul de l'âge légal n'était qu'une des pistes explorées par le gouvernement : « Que ce soit au travers des trimestres de cotisation, que ce soit au travers de l'âge de la retraite, il y a beaucoup de pistes. Nous allons encore en discuter, on verra ça au mois de juin. »Parmi les pistes avancées, l'exécutif souhaiterait, dès le 1er janvier 2011, repousser l'âge de départ à la retraite et allonger la durée de cotisation pour une retraite à taux plein, qui atteindra 41,5 ans en 2020. L'âge légal de départ pourrait atteindre 62 ou 63 ans, à raison d'un trimestre par an, et la durée de cotisation passer à 42 ans en 2030, voire 42 ans et un trimestre, selon « L'Express ».Conscient des risques entraînés par cette impression de flottement au sommet de l'État, Éric Woerth a précisé lundi, dans une interview au « Courrier Picard », que le gouvernement souhaitait « augmenter la durée passée au travail dans une vie », sans se prononcer de façon plus nette sur l'âge légal. « Nous voulons d'abord répondre par la démographie [...] Dans un pays où on vit quinze ans de plus aujourd'hui qu'en 1950, il faut évidemment répartir ces gains d'espérance de vie entre une part, qui doit revenir à la retraite, et une part, qui doit revenir au travail. »Pour tenter de parer à la contre-offensive qui ne va pas manquer de s'engager à gauche et du côté des syndicats, Éric Woerth a défendu une réforme qui s'appliquerait « de manière progressive » à partir de 2011. Nicolas Sarkozy a aussi donné pour consigne à ses ministres de vanter un projet « systémique », ceci afin de contrer les attaques de l'opposition sur le caractère « injuste » des mesures envisagées. C'est pourquoi Éric Woerth s'est attaché à évoquer la question des recettes nouvelles pour le financement des retraites. « Il y aura des mesures concernant les particuliers, on a parlé des hauts revenus, il y aura des mesures concernant les entreprises », a-t-il rappelé, ajoutant qu'il pourrait y avoir aussi « des transferts » de ressources.Christian Estrosi a souligné que, concernant les entreprises, seraient touchés « des revenus qui ne sont pas productifs, c'est-à-dire tout ce qui n'est pas réinjecté en investissement pour développer l'outil de travail ou créer des emplois ». Les stock-options et les revenus du capital seraient concernés.Ces recettes nouvelles seraient estimées à hauteur de 3 ou 4 milliards en 2020. La taxe sur les hauts revenus pourrait rapporter 600 millions d'euros, soit l'équivalent du coût du bouclier fiscal en 2008. Mais la part la plus importante des ressources nouvelles proviendrait de l'augmentation des cotisations retraite, qui serait compensée par une baisse des cotisations chômage rendue possible par un recul espéré du nombre de demandeurs d'emploi. Le gouvernement aurait renoncé à toucher au mode de calcul des pensions des fonctionnaires, mais augmenterait leur niveau de cotisation.
Commentaire 0

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

Il n'y a actuellement aucun commentaire concernant cet article.
Soyez le premier à donner votre avis !

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.