Après l'argent fou, l'argent responsable

Le sujet tombe à pic. Après les excès de la spéculation, des bonus géants, des crédits immobiliers « subprimes », beaucoup cherchent à redonner du sens à une économie de marché qui a perdu ses repères. Logique préoccupation de l'après-crise, le thème de « l'argent responsable », choisi pour la troisième édition du World Forum Lille, suscite l'intérêt. Plus de 4.000 participants assistent aux réflexions et témoignages internationaux qui se succèdent à un rythme effréné depuis hier et jusqu'à demain samedi, dans la capitale du Nord. De 8 heures du matin à 8 heures du soir, des chefs d'entreprise, des banquiers, des universitaires, des associations du monde entier interviennent sur des sujets aussi variés que la juste rémunération des dirigeants et des salariés, la microfinance, l'épargne solidaire, le bon usage des fonds souverains, l'argent du CO2 ou le principe de payer pour polluer, les valeurs humanistes dans le business financier, les petits porteurs et, bien sûr, l'argent des banques?L'objectif n'est pas de théoriser mais de procéder par l'exemple. « Il existe des pratiques meilleures que d'autres. Nous voulons présenter des modèles afin que chacun puisse suivre celui de son choix », explique Philippe Vasseur, le président du Word Forum Lille. À l'initiative de ce Davos de l'économie responsable, cet ancien ministre du gouvernement Juppé entre 1995 et 1997, qui a quitté la politique en 2000 pour prendre la présidence de la banque mutualiste Crédit Mutuel Nord Europe, s'est investi dans une association d'entreprises du nord de la France baptisée Réseau Alliances, dont il a pris la tête. Forte de près de 180 sociétés adhérentes, dont des groupes comme Auchan, Bonduelle, Leroy Merlin, 3 Suisses ou La Mondiale, sa vocation est « d'accompagner les entreprises pour qu'elles améliorent leurs performances tout en respectant l'Homme et l'Environnement ». Pour promouvoir cette démarche d'entreprise citoyenne, Philippe Vasseur a eu l'idée de cette rencontre annuelle qui privilégie les échanges d'expériences et le brassage des cultures puisque seulement 20 % des intervenants sont français. La première édition en 2007 portait sur la diversité et l'égalité des chances dans l'emploi, puis la gestion de ressources naturelles et l'environnement en 2008. Quant à l'argent responsable, c'est un choix décidé il y a plus de trois ans qui se révèle prémonitoire, un an après la faillite de la banque américaine Lehman Brothers.urgenceL'idée qu'entreprises et banques ? lesquelles sont en première ligne ? ont le devoir d'agir pour une économie et une finance plus responsable fait son chemin dans l'opinion publique. Les Français manifestent une véritable attente sur ce sujet : 83 % se disent de façon générale sensibles aux enjeux du développement durable et, plus spécifiquement, 46 % se déclarent sensibles aux initiatives environnementales et sociales entreprises par leur banque, selon une étude du cabinet PricewaterhouseCoopers, publiée fin octobre. Selon cette étude, « l'image durable » évaluée selon quatre critères (action en faveur du développement durable, respect des obligations environnementales, engagement de bonne conduite, recyclage) du secteur bancaire est néanmoins assez médiocre aussi bien en France et en Grande-Bretagne qu'en Italie ou en Allemagne, alors que celle des secteurs de l'automobile, de la grande distribution et même du bâtiment est bien meilleure. Pour redorer leur blason, les institutions financières qui font figure de fauteurs de crise ont encore du travail. En s'ouvrant par une conférence intitulée « Comment faire émerger la conscience d'un nouveau monde », le World Forum Lille invite à une grande ambition.
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