Pétrole à 100 dollars  : le retour

Pour la première fois cette année, le baril de pétrole a coté au-dessus de 100 dollars. Certes, il ne s'agit pas de l'huile pour livraison immédiate, mais pour décembre 2017. Soit l'échéance la plus lointaine proposée sur le marché à terme du West Texas Intermediate, le pétrole de référence sur le marché mondial.Mais le symbole reste fort : après avoir coté jusqu'à 33 dollars par baril en février, le prix moyen du baril sur 2009 ressort à 60 dollars jusqu'à maintenant.climat douxEn comparaison, l'évolution du prix du pétrole sur le long terme reste accrochée aux stratosphères. À son plus-bas, le baril de pétrole pour livraison en décembre 2017 a coté 70,27 dollars le 18 février dernier, soit deux fois le prix des échéances les plus rapprochées. La différence dans l'évolution de ces deux références exprime le sentiment du marché quant à la situation actuelle : malgré une situation équilibrée pour l'instant, en raison d'une demande encore modeste, le marché du pétrole craint une contraction de l'offre qui serait de nature à doper brusquement les prix. « Le cours de 70 dollars représente un plancher pour le développement durable du pétrole », assure Paul Horsnell chez Barclays Capital, qui analyse cette évolution des cours des échéances lointaines comme un risque de redémarrage haussier des cours.À court terme pourtant, la formation du prix du baril de pétrole présente une tout autre facette. Les cours du WTI reculaient de 2,07 % à 77,50 dollars à New York, tirés vers le bas par des doutes sur la cadence du redémarrage de l'économie américaine, et par la hausse du dollar, à l'instar des marchés actions. Le prix du pétrole de court terme est aujourd'hui gonflé artificiellement par sa fonction d'actif financier, alors que l'industrie intervient plus modestement sur le marché. Les marges du raffinage sont en effet très maigres : les produits comme le fioul ou l'essence valent à peine plus que le brut. Le climat inhabituellement doux constaté aux États-Unis pèse sur la demande de fioul, et l'importance des stocks accumulés ces derniers mois ne motive guère les raffineurs à utiliser leur outil industriel. Si bien qu'ils n'achètent que peu de pétrole, laissant le marché aux acteurs financiers. Dans ce contexte, le baril n'est donc plus considéré comme un simple combustible, mais comme un produit financier. Il affiche d'ailleurs ces derniers mois une corrélation forte avec le S&P 500. Un paradoxe puisque le pétrole est un coût pour les entreprises, et sa hausse est censée rogner leurs résultats.
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