Des banques françaises prises en otage dans la polémique sur AIG

L'affaire AIG n'en finit pas de rebondir outre-Atlantique, où des banques françaises sont maintenant accusées d'avoir extirpé des milliards de dollars à la Réserve fédérale avec la complicité de leur régulateur. La polémique porte sur le versement intégral par l'assureur américain, peu après son renflouement par l'État fin 2008, des 62 milliards de dollars qu'il devait à des banques au titre de contrats de couverture de leurs actifs toxiques. Parmi les bénéficiaires, Société Généralecute; Générale (16,5 milliards) et Calyon (4,3 milliards), mais aussi Goldman Sachs (14 milliards), Merrill Lynch (6,2 milliards) et Deutsche Bank (8,5 milliards).La fed intervientMis en cause pour ce « sauvetage déguis頻 des banques, le patron de la Fed, Ben Bernanke, a tenté ce mardi d'éteindre l'incendie en proposant un audit public. Le même jour, la Fed de New York volait au secours de son patron de l'époque, l'actuel secrétaire au Trésor Tim Geithner, en expliquant que, si elle avait « suggér頻 à AIG de ne pas dévoiler ces informations, comme l'a révélé l'agence Bloomberg, c'était parce qu'elles n'étaient pas « précisément exactes » : les bénéficiaires ont reçu 99,7 % des sommes dues, et non l'intégralité. Un argument que Tim Geithner va devoir soutenir devant une commission parlementaire le 27 janvier.Dans ce sac de noeuds, SocGen et Calyon sont accusées d'avoir bluffé pour obtenir un remboursement intégral de leurs CDS (credit default swap), alors que la Fed demandait un rabais. Selon nos informations, elles ont en effet refusé d'accorder tout « discount », avec le soutien de la Commission bancaire, en arguant que la jurisprudence française condamnait l'abandon de créance en l'absence de faillite. Un raisonnement « absurde » pour les experts interrogés par la presse américaine. Surtout, Bloomberg a révélé mercredi qu'au même moment, la Générale et BNP Paribas avaient accordé un rabais de 71 % à un autre assureur, Ambac. Mais AIG venait alors d'être renfloué par l'État américain, justement pour éviter toute contagion au reste du système financier, alors que le risque de faillite d'Ambac était bien réel. De plus, les banques françaises détenaient des actifs apportés en garantie par AIG, ce qui limitait leur risque de perte, et donc leur incitation à accorder un rabais, alors que les contrats émis par Ambac ne prévoyaient pas de « collatéral ». Enfin, les autres banques concernées ont aussi refusé tout rabais, à l'exception d'UBS, qui aurait proposé 2 %. Côté français, on estime donc que les banques concernées sont prises en otage dans un conflit qui ne les concerne pas. Et l'on souligne que d'autres grandes banques étrangères ont frôlé la faillite, sans que leur régulateur ne vienne demander une révision à la baisse de leurs obligations.
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