Vaste réforme en vue pour les fonds monétaires américains à se réformer

Avec la faillite de la banque Lehman Brothers en septembre 2008, les gérants, mais surtout les investisseurs, ont « découvert » que les fonds monétaires « classiques » présentaient des risques, notamment de liquidité. Dans le monde de la gestion collective, ces produits font pourtant figure de supports sûrs et sécurisés. Cela s'est vérifié principalement aux États-Unis. Le déclencheur a été l'annonce par Putnam Investments de la liquidation du Prime Money Market Fund, le gérant ne pouvant plus faire face aux rachats massifs. Quelques jours plus tard, c'était au tour du Reserve Primary Fund de connaître une défaillance. Ce fonds, qui était exposé pour 785 millions de dollars sur la dette de Lehman Brothers, a vu sa valeur liquidative (VL) perdre 3 % à 0,97 dollar à la suite de la faillite de la banque américaine. Sa valeur est donc passée sous 1 dollar, ce que les professionnels appellent « broke the buck » [casser le dollar, Ndlr]. C'est très rare puisque la réglementation américaine sur ces produits impose de délivrer une VL constante de 1 dollar. La crise de confiance qui a suivi a entraîné d'importantes sorties de capitaux sur ces produits, estimées à 347 milliards de dollars. Pour stopper l'hémorragie et rassurer les investisseurs, le Trésor américain est intervenu en garantissant les actifs de ces fonds jusqu'à 50 milliards de dollars pendant un an. Revu tous les trimestres, « the Temporary Guarantee Program for Money Market Funds » s'adresse aux investisseurs qui détenaient des parts de fonds au 19 septembre 2008 et concerne uniquement les produits domiciliés aux États-Unis.panique retombéePour profiter de ce plan, les sociétés de gestion ont dû payer entre 1 et 1,5 point de base du montant des actifs assurés. Le Trésor aurait ainsi encaissé 1,2 milliard de dollars de commission.Comme le prévoyait le calendrier, le Trésor, par la voix de son secrétaire Tim Geithner, a décidé de mettre un terme à ce programme la semaine dernière. Cette décision était attendue par les professionnels d'autant qu'ils sont de moins en moins nombreux à demander la protection du Trésor.Aujourd'hui, la panique sur ces produits, et d'une manière générale sur les marchés, est retombée, ne nécessitant pas de prolonger ce programme. La situation s'est donc améliorée et les problèmes rencontrés par les monétaires sont derrière nous. « Pas complètement tant que nous ne connaîtrons pas les changements apportés à la Rule 2a-7 [réglementation américaine sur ces produits, Ndlr] », indique Connie Bugbee, managing editor de iMoneyNet. Car la crise a amené les autorités, notamment à la demande du président Barack Obama, à faire des propositions pour réformer la réglementation sur ces produits et protéger les investisseurs. L'objectif affiché étant de renforcer leur résistance à une crise économique et de réduire les risques de rachats massifs sur ces produits. Paul Volcker, l'ancien président de la Réserve fédérale, aujourd'hui conseiller du président Obama, recommande de réguler les fonds monétaires comme les banques, ce qui revient à comparer les premiers aux secondes. Pour Peter Rizzo, senior director chez Standard and Poor's, « la comparaison est difficile car les fonds monétaires prêtent sur une période très courte alors que les banques américaines prêtent sur plus long terme ». De son côté, la Securities and Exchange Commission, le régulateur américain, a lancé une consultation publique en juin dernier. Les grandes lignes portent sur la liquidité des actifs, la maturité moyenne des portefeuilles, la qualité des actifs et des « reporting ».Mais la proposition qui fait débat dans l'industrie porte sur la possibilité de mettre en place une VL flottante. « Ce type de fonds serait un complément aux produits actuels mais ne les remplacerait pas, affirme Connie Bugbee. Si les investisseurs pensent que ces fonds peuvent être gérés comme les autres en délivrant un rendement légèrement supérieur, cela pourrait intéresser les institutionnels qui y placeraient une partie de leurs liquidités. » D'une manière générale, « si modifier la Rule 2a-7 réduira le profil de risque des fonds monétaires, cela n'empêchera pas la possibilité de voir, comme en septembre 2008, un grand nombre de fonds ?broke the buck? », explique Peter Rizzo. Il prône le maintien d'une VL constante tout en faisant évoluer le modèle.Pour l'heure, ce qui inquiète les gérants et les investisseurs, c'est la courbe des taux courts américains. Le rendement des taux à 3 mois a atteint un plus-bas historique à 0,29 %. S'ajoutent des taux directeurs de la Fed compris entre 0 et 0,25 %. rendements quasi nulsConséquence : les rendements des fonds monétaires sont quasi nuls. Selon iMoneyNet, le rendement d'un monétaire pour particulier est de l'ordre de 0,03 %. Une fois les frais de gestion appliqués, il ne reste pas grand-chose. Cela a entraîné des rachats et une baisse des encours qui sont passés de 3,8 trillions de dollars en janvier à 3,4 trillions de dollars aujourd'hui. En attendant, pour éviter la fuite des clients et maintenir des rendements supérieurs à 0 %, les sociétés de gestion diffèrent l'encaissement des frais de gestion. Quelques maisons sont tout simplement sorties de ce marché. C'est le cas de Calamos, Janus ou Credit Suisse Asset Management. Et ce mouvement de consolidation pourrait se poursuivre tant que les taux resteront aussi bas.
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