Carrefour en sursis

Quelle crédibilité accorder aux rumeurs de cession des activités dans les pays émergents par Carrefour ? Sans répondre à cette question, les marchés dérivés nous offrent des indications intéressantes sur les anticipations des investisseurs. Historiquement, l'évolution de la volatilité implicite de l'action, « le prix du risque » observé via les options de couverture, a souvent anticipé des changements stratégiques majeurs pour le groupe de distribution. Ainsi, dans les semaines qui ont précédé l'entrée au capital de Bernard Arnault et Colony Capital via le holding Blue Capital, la volatilité implicite à 3 mois avait progressé de 10 points. L'éviction de José Luis Duran, fin juillet 2008, avait également entraîné un rebond important de la volatilité implicite et une baisse du titre. En revanche, les récentes rumeurs n'ont eu aucun impact sur la volatilité implicite. Elle est même revenue sur sa moyenne historique et en deçà de ses niveaux avant la faillite de Lehman Brothers. Cependant, les marchés de dérivés de crédit nous donnent un message différent. Depuis le début des rumeurs, la prime (« écart de rendement » du CDS 5 ans) exigée par les investisseurs obligataires s'est, elle, appréciée de 20 points de base (à 75 bp). Cette divergence de perception entre marchés actions et de crédit est rare et pourrait traduire la problématique du timing d'une cession susceptible d'affaiblir à terme la structure financière. Elle illustrerait une sorte de « sursis » accordé au management pour mettre en place son programme de réduction des coûts baptisé « en avant » qui devrait grossir de 3,1 milliards d'euros le résultat opérationnel à l'horizon 2012. Certes, selon les analystes d'Exane BNP Paribas, les cessions pourraient s'élever à 13 milliards d'euros et permettraient de verser un dividende évalué entre 10 et 16 euros par action (selon leur volonté de préserver ou non la notation de la dette par les agences de rating). Mais il faudrait l'imposer au management et seul un nouveau « avertissement sur résultats » pourrait lui forcer la main. nParLaurent Roussel,directeur adjoint de la recherche chez Exane Derivatives.
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