La Chine tente de calmer la spéculation sur l'immobilier

La bulle sur l'immobilier chinois souvent évoquée n'a toujours pas éclaté. En septembre, les prix ont progressé de 0,5 % par rapport à août. C'est la première augmentation en quatre mois. Au début d'octobre, le gouvernement a promulgué une nouvelle série de mesures pour calmer le marché. Désormais, les banques ne peuvent plus accorder de prêts pour l'acquisition d'un troisième bien. Le niveau de l'acompte a été relevé pour l'achat du premier bien et certains abattements fiscaux supprimés. Cette fois, les analystes sont moins alarmistes. Le spectre d'un krach semble définitivement s'éloigner et d'autres mesures seront prises si celles d'octobre ne suffisent pas. Une ballade nocturne dans les rues de Pékin suffit à résumer la situation : peu d'immeubles sont illuminés. Les appartements sont achetés avant tout comme placement ou pour des raisons spéculatives. Une grande part de l'argent injecté dans l'économie suite au plan de relance s'est canalisée vers des projets immobiliers. En plus, l'absence de taxe immobilière permet aux acquéreurs de garder le bien inoccupé plusieurs années en attendant de le revendre. Ils considèrent que le marché ne peut que monter, à raison. « Le gouvernement ne peut se permettre d'intervenir brutalement sur le marché. Une trop grande partie de l'économie en dépend. Faute d'issues suffisantes pour l'investissement, une large part du cash se retrouve soit dans l'immobilier soit en Bourse », analyse Patrick Chovanec, professeur d'économie à l'université de Tsinghua. Certains estiment que le secteur représente jusqu'à 20 % de l'économie. Signal fort du gouvernementAvec son futur mari, Zhang Xiaozhe, 24 ans, s'est endetté pour 30 ans pour l'achat d'un 120 m2 à Pékin. Plus de la moitié de leur salaire est consacrée au remboursement chaque mois. « L'appartement est une lourde charge pour nous. Mais nous ne le regrettons pas. Quoi que le gouvernement fasse, je suis sûre que les prix monteront », assure-t-elle. « Si le gouvernement voulait vraiment calmer le marché, il l'aurait fait, analyse Andy Rothman, économiste chez CLSA. Il essaie juste d'évincer les spéculateurs. » Selon lui, ces derniers représentent 16 % du marché. Pourtant, les milliers de Zhang Xiaozhe qui sortent chaque année de l'université, accèdent à leur premier emploi et se marient, exercent une forte pression sur le gouvernement pour pouvoir accéder à la propriété. Le Premier ministre Wen Jiabao en a fait une priorité. Car dans certaines villes, les prix ont plus que doublé, reléguant une part de la nouvelle classe moyenne à la périphérie des villes. En annonçant, mardi, une hausse surprise des taux, pour la première fois en presque trois ans, le gouvernement a envoyé un signal fort, mais il n'est pas sûr que cela ait un impact réel sur le marché de l'immobilier.Virginie Mangin, à Pék
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