L'Allemagne résiste à l'euro fort, au prix de licenciements

commerceAvec la reprise, l'Allemagne reprend confiance dans sa capacité à inonder les marchés internationaux. Et ce n'est pas l'envolée de la monnaie unique qui va saper ce beau moral. « Je crois que l'on peut gérer ce problème », a avancé, hier à Berlin, Anton Börner, le président de l'association des exportateurs allemands, la BGA. Selon lui, les opérations de couverture des entreprises et le renchérissement du yuan face au dollar réduiront l'impact d'un euro fort sur la compétitivité allemande. Roland Döhrn, économiste à l'institut RWI de Essen, rappelle cependant qu'un « euro plus cher est un inconvénient pour les entreprises allemandes, comme pour toutes les entreprises de la zone euro ». Certes, admet-il, « les entreprises allemandes sont plus présentes sur des segments de marché qui laissent plus de marge aux augmentations de prix et qui sont donc moins touchés par la hausse de l'euro ». Mais Anton Börner reconnaît que la reprise dans certaines branches importantes, comme la chimie, l'automobile, ou les machines-outils, pourrait être « freinée » par l'euro fort.se réimposer sur les marchésReste qu'après un an de crise, les exportateurs allemands vont devoir se réimposer sur les marchés et donc veiller à leur compétitivité. La hausse de l'euro ne peut que renforcer ce souci. Les baisses d'impôts promises par le nouveau gouvernement permettront-elles alors un gain de compétitivité ? « On évoque pour le moment surtout une baisse de l'impôt sur le revenu qui profiterait plutôt aux petites entreprises individuelles qui exportent peu. On pourrait penser qu'en laissant plus de revenu disponible, ces mesures réduiraient aussi les demandes de hausses de salaires, mais je pense que, in fine, l'impact sera limit頻, avance Roland Döhrn.Reste alors le levier des réductions d'effectifs. « Si l'on observe le recul de la productivité et du temps de travail ainsi que la hausse de la part des salaires dans les coûts fixes, on doit concevoir qu'une adaptation des effectifs à la production est inévitable à court terme », admet l'économiste, même si pour l'instant le marché du travail est encore résistant. Les entreprises allemandes ont cependant déjà beaucoup réduit leurs coûts fixes avant la crise par des délocalisations en Europe de l'Est et des suppressions de postes en Allemagne. Cette adaptation des effectifs pourrait donc être « plutôt brève ». En revanche, Roland Döhrn s'inquiète plus de la « réorganisation de l'économie mondiale » induite par la crise. « Si les pays à fort déficit, comme les États-Unis, décident de le réduire, la position concurrentielle des exportateurs allemands pourrait indirectement en pâtir », met-il ainsi en garde. Avant de prévenir : « Il faudra alors se demander si l'on produit de bons produits pour les bons marchés. »n(Lire aussi page 20)
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