L'envolée de la monnaie unique rogne la croissance européenne

Certains pays de la zone euro, comme l'Allemagne, dont le modèle économique est essentiellement tourné vers l'export, sont plus que d'autres pénalisés par l'envolée de la monnaie unique face au dollar. Mais la force de l'euro n'en pèse pas moins sur toutes les économies européennes. La poussée de la monnaie unique ? de 18 % depuis le début mars dernier ? est, selon les calculs de Natixis, susceptible de rogner la croissance de 0,9 point de PIB. Avant tout parce que l'euro fort renchérit les produits « made in Europe » à l'exportation. Cependant, « il y a un effet positif à cette envolée, précise Cédric Thellier, économiste zone euro chez Natixis. C'est que tout ce qui est importé par les pays de la zone euro ? pétrole en tête ? est moins cher. Et cette déflation redonne automatiquement du pouvoir d'achat aux ménages. Les chiffres sont impressionnants : la hausse de l'euro face aux autres monnaies mondiales offre pas moins de 1,6 point de pouvoir d'achat supplémentaire aux ménages de la zone euro, selon les calculs de Natixis. Ainsi, au lieu de devoir faire face à une hausse des prix de 2 points, ils ne subissent que 0,4. Mieux, avec un impact positif équivalent à 0,8 % de PIB, le phénomène contrebalance presque l'impact négatif de la moindre compétitivité de nos exportations.cercle vicieuxLes économistes se gardent bien, cependant, de croire que tout va bien dans la zone euro. Au contraire, ils sont passablement pessimistes sur l'avenir de l'activité. « Ces gains de pouvoir d'achat auront du mal à doper la consommation, note ainsi Cédric Thellier. Car, compte tenu du taux de chômage, les perspectives de hausse des salaires sont mauvaises. » Un cercle vicieux ? celui d'un manque de consommation qui mine l'emploi ? pourrait s'installer. Et « si les destructions d'emplois venaient à fortement augmenter, cette perte de revenu pourrait sérieusement déprimer la consommation et, par là même, faire dérailler la reprise naissante », renchérit Goldman Sachs dans une récente note. Du coup, les prévisions de croissance sont timides. Natixis voit ainsi une maigre progression, de 0,8 % en Allemagne et 0,4 % en France sur 2010. L. J. B.
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