Le succès des applications mobiles bouleverse l'écosystème de la téléphonie

C'est une nouvelle planète de la galaxie mobile. « App Planet », comme l'ont baptisé les organisateurs du rendez-vous incontournable du secteur, le Mobile World Congress, qui s'est tenu la semaine passée à Barcelone. « App » pour applications, ces minilogiciels qui démultiplient les fonctions des smartphones et ont contribué au succès de l'iPhone d'Apple. Avec ses 3 milliards de téléchargements au compteur et plus de 140.000 applications disponibles, l'App Store d'Apple fait des jaloux chez les fabricants de mobiles et les opérateurs. Au point de déplacer le centre de gravité de tout l'univers du mobile. L'alliance anti-Apple de vingt-quatre opérateurs mobiles parmi les plus grands mondiaux afin de définir un standard commun pour les développeurs d'application vise à créer un nouvel écosystème concurrent. « Attirer et garder les développeurs est vital pour le succès de toute boutique d'application », relève Jonathan Arber du cabinet d'étude IDC.La jeune planète, qui ne pèse encore que 3 milliards d'euros de chiffre d'affaires, a attiré beaucoup de visiteurs. Plus de 20.000 personnes sur les 49.000 participants du congrès ont arpenté les allées du hall qui lui était entièrement consacré au pied des fontaines de Montjuic. Plus de 6.000 développeurs ont assisté au congrès, apportant une touche de décontraction au milieu de la marée de costumes cravate, l'uniforme de rigueur des ingénieurs télécoms. Un coin « lounge » avec la presse high-tech en accès libre était aménagé dans ce hall où les stands de HP, Research In Motion, Skype ou AdMob, la filiale de Google, laissaient peu de place aux développeurs eux-mêmes, qui se contentaient de petits espaces de 2 à 3 mètres carrés. S'y côtoyaient des start-up plus ou moins établies comme les Israéliens de Fring, une application de voix sur IP pour mobile déjà plébiscitée, ou les Américains de Vringo, qui proposent des sonneries vidéo. Plaquettes en main, les développeurs étaient notamment là pour discuter avec des opérateurs et des acheteurs de contenu, nouer des contacts avec des investisseurs et jauger la concurrence.« ça jargonne à plein tube »Plusieurs poids lourds du secteur ont voulu montrer à cet univers encore dominé par Apple leur engagement : Vodafone, BlackBerry, Motorola et Sony Ericsson ont organisé de grandes conférences techniques réservées aux développeurs d'applications. Des sessions d'une journée entière parfois pour parler SDK, API, RCS ou LBS. « Ça jargonne à plein tube », s'amuse un participant rompu à cette langue à part. La conférence de Google a, semble-t-il, connu la plus forte affluence : le géant de l'Internet est considéré comme l'étoile montante du secteur avec son système d'exploitation Android et sa boutique en ligne Android Market, qui compte plus de 25.000 applications. Et comme le seul en mesure de créer un véritable écosystème ouvert rivalisant avec celui d'Apple.Les fabricants de mobiles, qui cherchent la parade anti-iPhone, l'ont bien compris : de Samsung à LG, en passant par HTC, Motorola, Sony Ericsson, tous, excepté Nokia, ont adopté Android pour accélérer leur percée dans les smartphones. Gratuite, à la différence de Windows Mobile, ouverte donc adaptable, la plate-forme de Google leur permet d'accéder à un savoir-faire logiciel qu'ils ne possèdent pas.Mais cette arme anti-Apple est à double tranchant. Android déplace la valeur du marché mobile vers la partie logicielle, dépréciant celle captée par les fabricants de matériel, à l'instar du marché du PC. Il a aussi considérablement baissé la barrière à l'entrée du secteur et aidé de nouveaux concurrents, venus de l'informatique, Dell, Acer, Lenovo, à s'inviter en terres mobiles.
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