Lendemains de fête difficiles pour les banques américaines

Célébrées en Bourse suite à l'autorisation délivrée par la Réserve fédérale d'augmenter leurs dividendes et de procéder à des rachats d'actions, les banques américaines traversent désormais une zone de turbulences sur les marchés. Et la saison des résultats trimestriels, qui s'est achevée jeudi avec la publication des chiffres de Morgan Stanley (voir illustration), n'a pas offert plus de certitudes entre l'habituel bon élève (JPMorgan Chase) et le nouveau dernier de la classe (Bank of America).Bien au contraire : depuis le 7 avril, l'indice KBW Bank a plongé de près de 6 %, là où le S&P 500 est demeuré quasiment stable. « Nous anticipions que le feu vert délivré par la Fed serait un catalyseur bien plus important pour les valeurs bancaires, reconnaît Jason Goldberg de Barclays Capital. Mais les investisseurs sont désormais plus inquiets de la croissance décevante des revenus, provoquée par une faible activité de prêt et par une chute des prix de l'immobilier. »Sur les trois premiers mois de l'année, aucune des six plus importantes banques américaines par les actifs n'a en effet dégagé une croissance de son produit net bancaire par rapport à l'année précédente. Un repli certes attendu - en raison d'une base de comparaison défavorable par rapport à un très bon premier trimestre 2010 - mais qui soulève aussi des interrogations. « Certains investisseurs commencent à redouter que l'économie reste molle pendant les trois ou quatre prochaines années, avance Paul Miller de FBR Capital. Nous n'aurions alors pas une croissance économique suffisante pour soutenir la demande de prêt, qui est le principal vecteur de revenus dans la banque de détail. » Contraintes réglementairesSelon les estimations de Barclays Capital, les prêts accordés par l'industrie bancaire américaine ont baissé de 3 % au premier trimestre par rapport au trois mois précédents. Citigroup a même fait état d'une chute de 11 % sur un an, Bank of America de 8,5 % et Wells Fargo de 5,5 %. L'établissement californien a d'ailleurs annoncé la suppression de 4.500 emplois temporaires en raison du ralentissement de son activité de crédit hypothécaire.Confrontées aux incertitudes économiques, les banques américaines doivent enfin s'adapter aux nouvelles contraintes réglementaires, qui réduisent par exemple les commissions sur les cartes de crédit. JPMorgan a accusé une contraction de 19 % du chiffre d'affaires de cette activité au premier trimestre, et Bank of America, 18 %. Dans la banque d'investissements, la limitation du trading pour compte propre amplifie un contexte déjà globalement peu favorable. Les revenus tirés des activités taux, de changes et de matières premières - principales sources de profits depuis dix ans - ont ainsi chuté de 35 % chez Morgan Stanley et de 28 % chez Goldman Sachs.
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