Le groupe français s'est extrait à temps du guêpier allemand EnBW

Lorsque le Land de Bade-Wurtemberg a décidé brusquement en décembre dernier de racheter les 45 % d'EDF dans le fournisseur d'énergie régional EnBW, l'expérience allemande du groupe français pouvait prendre des airs d'échec. C'est d'ailleurs le discours que tenait à mots à peine voilés le ministre président du Land, Stefan Mappus, pour justifier cette étonnante « nationalisation » : EDF n'avait pas su développer EnBW à la hauteur des espérances placées en lui. Et le chef du gouvernement régional de promettre un avenir radieux au groupe avec à la clé une introduction en Bourse rapide et juteuse pour les finances publiques du Land. Mais depuis une telle analyse ne tient plus. Deux événements sont venus éclairer d'un jour nouveau cette sortie d'EDF du capital d'EnBW et en faire une bonne affaire pour le français. Le premier, c'est évidemment le drame japonais et son corollaire allemand, l'arrêt des plus anciennes centrales et, finalement, la sortie plus rapide que prévue de l'atome. Pour EnBW, plus dépendant du nucléaire que ses concurrents, c'est une catastrophe. Deux de ses réacteurs, la moitié de son parc, ont dû être débranchés. L'effet sur le résultat 2011 sera notable : si les deux centrales ne reprennent pas du service cette année, l'effet négatif sur les bénéfices atteindra 450 millions d'euros, un quart du bénéfice opérationnel de 2010. Sous surveillanceÀ cela s'ajoute la victoire des Verts lors des élections régionales du 27 mars. Avec un ministre président écologiste, EnBW est désormais sous surveillance. Certes, le président du groupe, Hans-Peter Villis, a annoncé mardi devant ses actionnaires qu'il allait accélérer le développement des énergies renouvelables afin qu'elles représentent en 2020 au moins 20 % de la production d'EnBW, mais il sera difficile de trouver les 8 milliards d'euros nécessaires à cet objectif. Le groupe semble en réalité globalement mal armé pour faire face aux défis de l'après-Fukushima tant sa stratégie a été longtemps fondé sur les énergies fossiles et nucléaires. EDF, qui n'est sans doute pas pour rien dans cette situation peut cependant se réjouir : outre les 4,7 milliards d'euros issus de la vente de ses parts, le groupe français a sans doute évité de justesse un guêpier coûteux et durable. Romaric Godin, à Francfort
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