Chatel cherche à asseoir sa légitimité

ÉducationDepuis son arrivée à l'Éducation nationale, Luc Chatel n'a d'autre choix que de s'approprier les réformes lancées par son zélé prédécesseur, Xavier Darcos. Une tâche d'autant plus ardue qu'il n'est pas issu du sérail. Mais au moins aborde-t-il les dossiers de manière plus pragmatique, moins idéologue, estiment les syndicats d'enseignants. Quitte à susciter l'incrédulité ou à renforcer l'attente. Il maintient donc, pour l'heure, son rythme de déplacements hebdomadaire, cherchant à convaincre.Avant de dévoiler les grandes orientations de la réforme du lycée à la fin du mois, Luc Chatel s'est ainsi penché, la semaine dernière, sur le collège et la généralisation du livret de compétences. Lors d'une visite au collège La Boétie de Moissy-Cramayel (Seine-et-Marne), effectuée en compagnie du haut-commissaire à la Jeunesse, Martin Hirsch, il a déclaré « ouvrir la guerre au décrochage scolaire » (ils sont 150.000 jeunes à sortir chaque année du système scolaire sans qualification). C'est l'objectif de la mise en place de l'aide personnalisée en primaire et de l'accompagnement éducatif en collège pour ces fameux « orphelins de 16 heures », a-t-il rappelé, défendant les réformes Darcos. C'est aussi l'objectif du livret de compétences, généralisé cette année, qui « valorise d'autres expériences, un savoir-faire qui n'est pas forcément la bonne note ». Tâche difficile pour Luc Chatel, ce livret vise à évaluer le « socle commun de connaissances et de compétences » de la loi Fillon de 2005 qui fait toujours polémique. Ce socle de sept compétences est évalué en primaire depuis la rentrée 2008. Au collège, le livret de compétences servira à l'obtention du nouveau brevet à compter de la session 2011.Sur le terrain, cet outil ne passe donc pas toujours bien. En l'absence de bilan des expérimentations et de cadrage, « les chefs d'établissement essaient de l'imposer ou laissent faire », regrette Roland Hubert, cosecrétaire général du SNES-FSU. Surtout, le sujet ne fait pas partie de leurs priorités, relève Claire Krepper, secrétaire nationale du SE-UNSA. Pourtant, l'utilisation est bien obligatoire dès cette année, rappelle le directeur général de l'enseignement scolaire, Jean-Louis Nembrini, qui espère bien le voir mis en place « au cours du premier trimestre ». Mais, temporise-t-il, « le socle commun est une réforme au long cours. C'est la première fois qu'un outil officiel valide les compétences ». De fait, pour Bernard Saint-Girons, délégué interministériel à l'orientation, « l'irruption de l'idée de compétences est révolutionnaire. On sort du monopole de la prise en compte des connaissances ». Or c'est justement ce point qui irrite certains syndicats d'enseignants. Après un été consacré à l'apaisement, Luc Chatel pourra difficilement éviter cette année les tensions provoquées par les réformes dont il hérite. Clarisse Jay
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