Le programme économique des Verts allemands n'est plus seulement écologique

Ce week-end, les Verts allemands se retrouvaient pour leur congrès à Fribourg dans une ambiance enthousiaste. Malgré un léger recul dans les sondages ces jours derniers, la formation écologique demeure à des niveaux de popularité inédits. Les enquêtes d'opinion la créditent en effet de 20 % à 22 % des suffrages, à quelques encablures de son allié social-démocrate le SPD. À Berlin ou dans le Bade-Wurtemberg, où l'on renouvellera l'an prochain les parlements régionaux, les Verts sont donnés en tête et pourraient décrocher, pour la première fois, la direction d'un Land. Le parti est donc en pleine mue : de parti revendicatif, il devient un grand parti populaire. La conséquence de cette métamorphose est que le programme économique des Verts n'est plus seulement écologique. « Notre première priorité est de réduire le chômage de longue durée », confirme Kerstin Andreae, députée au Bundestag, responsable des questions économiques. « Nous avons en Allemagne une situation étrange où un chômage de longue durée côtoie la pénurie de main-d'oeuvre qualifiée, il faut donc soutenir l'éducation et développer la formation des adultes », explique-t-elle. Rejet du SMIC à la françaiseLes Verts demeurent un parti de gauche : leur projet « d'assurance santé citoyenne » entend ainsi réduire la part du privé dans ce secteur et lever des cotisations sur les revenus locatifs et capitalistiques. Mais le parti insiste également sur sa modération. Ainsi, s'il réclame le relèvement de deux points du taux de la tranche supérieure de l'impôt sur le revenu, il estime qu'il faut avant tout réduire les niches fiscales pour les entreprises les plus polluantes. De même, si les Verts sont favorables à l'introduction d'un salaire minimum, ils rejettent l'idée d'un Smic à la française et préfère des salaires de base fixés par branche. Enfin, si Kerstin Andreae critique le plan de rigueur « socialement injuste » du gouvernement Merkel, elle reste très attachée à la réduction de la dette et au plan constitutionnel de limitation du déficit à partir de 2016. « C'est une question de responsabilité vis-à-vis des générations futures », confirme-t-elle. Même sur le terrain écologique, les Verts veulent « laisser agir le marché dans un cadre législatif écologique ». Du soutien à l'efficience énergétique, à la recherche et aux investissements, mais pas d'État fort dans ce domaine non plus, donc. En revanche, le parti écologique se veut l'adversaire des grandes entreprises polluantes, ce qui, selon Kirsten Andreae, le distingue du SPD. Avec ce programme assez libéral, les Verts entendent confirmer leur position de parti charnière au centre du jeu politique allemand. Romaric Godin, à Francfort
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