Total lâche du lest mais la tension reste vive

Les syndicats ont remporté une victoire d'étape face à Total. Au lendemain d'une réunion infructueuse avec les représentants des salariés, dont ces derniers étaient sortis ulcérés en l'absence d'avancées concrètes sur le cas de Dunkerque, la direction du groupe pétrolier a finalement proposé une réunion ce mardi matin au siège du groupe. Elle aussi accepté que le comité central d'entreprise (CCE), qui doit aborder à la fois la question de l'avenir de la raffinerie des Flandres et du raffinage en France, soit avancé du 29 mars au 8 mars. La CFDT, qui a salué cette « avancée », a demandé la suspension du mouvement en assemblée générale du personnel. Mais le syndicat n'a, pour l'heure, pas été suivi par ses homologues. Les salariés de Dunkerque ont voté la reconduction de la grève.« Il reste encore pas mal de points à éclaircir », observe Éric Sellini, délégué syndical central CGT. « On attend clairement une nouvelle convocation de la direction, avant le CCE, et un engagement de Total sur Dunkerque et sur l'absence de fermeture ou de cession des autres raffineries françaises pendant cinq ans.»De fait, le cas de Dunkerque apparaît comme un casus belli pour les représentants des salariés. « L'objectif de SUD, c'est de moderniser la raffinerie et de la redémarrer », souligne Philippe Wullens, délégué syndical SUD, organisation majoritaire à Dunkerque.8 milliards de bénéficesAujourd'hui, le rapport de force semble pencher en faveur des syndicats. Les risques de pénurie d'essence, en pleine période électorale, la mauvaise image de Total dans l'opinion publique, qui ferme un site malgré ses 8 milliards d'euros de bénéfices en 2009, la forte pression politique à laquelle le groupe est actuellement soumis, confortent les salariés dans leurs actions.Hier, Total a répété son intention de garantir à chaque collaborateur un emploi au sein du groupe correspondant à ses compétences, une fois actée la fermeture de Dunkerque. Mais les projets alternatifs évoqués par le groupe - une école de formation, un centre d'assistance technique aux opérations de raffinage et un terminal méthanier en partenariat avec EDF - ont pour l'instant laissé les syndicats sur leur faim. « Le projet de terminal méthanier avec EDF est une bonne chose pour le bassin d'emploi dunkerquois », estime Patrice Leclaire, délégué FO Total à Dunkerque, « mais ce n'est qu'un projet, et s'il aboutit, ce sera pour une mise en service en 2014 ». Total a également répété n'avoir aucun projet de fermeture ou de cession de ses autres raffineries en France, mais sans s'engager sur la durée de cinq ans, une revendication des syndicats. Il reste encore du chemin à faire pour réconcilier les positions. Olivier Hensge
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