L'OFCE doute de la pérennité de la reprise

Attention aux trompe-l'oeil. C'est le message principal des économistes après l'amélioration du moral des industriels constaté en avril par l'Insee. En effet, celle-ci provient surtout du sentiment que les chefs d'entreprises ont de la production passée. En revanche, l'avenir proche ne s'annonce pas vraiment radieux. Ils tablent sur une quasi-stabilisation de leur production, les carnets de commandes étant de moins en moins étoffés. C'est aussi le message de l'Observatoire français des conjonctures économiques (OFCE) lorsqu'il étudie le redémarrage de l'économie entamé dès le deuxième trimestre 2009. Ce rebond ne serait que technique. « Il trouve en partie son origine dans le restockage des entreprises. Les conditions d'une reprise durable ne sont pas encore réunies », estime Éric Heyer. Pour de nombreuses raisons, notamment par la fragilité de la consommation. Elle est actuellement fragilisée par la faible progression des salaires réels, les entreprises n'ayant pas les moyens de les augmenter, par la baisse du pouvoir d'achat que rognent les tensions inflationnistes observées depuis janvier et par la fin des mesures contra-cycliques comme la prime à la casse. Le niveau actuel du chômage est également à prendre en considération. « Élevé, ce qui signifie que la France n'est pas du tout sortie de la crise, celui-ci pèse sur le moral des ménages qui ont peur de rejoindre le bataillon grossissant des demandeurs d'emploi », explique Xavier Timbeau. Résultat, ils consomment moins. 2011 s'annonce plus rudeDans ce contexte, les entreprises n'investissent pas, malgré la faiblesse actuelle des conditions de financement. « On ne fait pas boire un âne qui n'a pas soif », avait prévenu Keynes. Même si le taux d'utilisation des capacités de production a reculé pendant la crise, les entreprises restent en surcapacité. Un sentiment opposé à celui d'un certain nombre d'économistes étrangers qui anticipent un redémarrage de l'investissement en 2011 (« La Tribune » d'hier). L'année prochaine ne se présente pas sous les meilleurs auspices, estime l'OFCE. La mise en place d'une politique budgétaire restrictive devant permettre de restaurer les finances publiques, retirera 0,2 point de PIB à la croissance en 2010 qui s'élèvera à 0,9 %. En 2011, le coup sera plus rude. Près d'un point de PIB (0,8 exactement) sera ôté à l'activité. Celle-ci progresserait de 1,4 %. « C'est exactement ce que le plan de relance avait apporté à l'activité en 2009. Il n'aura été qu'un coup d'épée dans l'eau », estime Xavier Timbeau.
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