La droite hongroise prisonnière des réalités économiques

Viktor Orban deviendra le Premier ministre d'une Hongrie dirigée par son seul parti de droite nationaliste, le Fidesz, au terme du deuxième tour des législatives du 25 avril prochain. Très probablement, la formation gouvernementale, qui a remporté 206 des 386 sièges au Parlement dès le premier tour, devrait obtenir la majorité des deux tiers, nécessaire pour modifier la Constitution. Sans opposition d'une gauche traditionnelle en lambeaux, minée par les affaires de corruption, sans partenaire de coalition, Viktor Orban risque de se retrouver triplement prisonnier : cet homme de 47 ans, qui fut un jeune opposant au régime communiste, a promis durant la campagne qu'il augmenterait les salaires des médecins, réformerait la santé et les systèmes de retraites et créerait un million d'emplois sur dix ans, tout en réduisant la fiscalité.Or, la Hongrie, l'un des pays les plus lourdement touchés par la crise financière et économique, a reçu 20 milliards d'euros de prêts du FMI, de l'Union européenne (en obligations) et de la Banque mondiale, conditionnés à une réduction des déficits publics. Certains analystes à Budapest, plutôt orientés à gauche, pensent qu'Orban pourrait utiliser sa légitimité pour renégocier un accord plus favorable. Mais il est assez vraisemblable qu'il ne change rien aux choix du gouvernement de gauche sortant. Sur la santé, le Fidesz avait fait campagne pour le « non » au référendum contre un projet d'instauration de mini-franchises médicales. Il lui sera difficile aujourd'hui de faire avaler une entrée du privé dans ce secteur. La réforme des retraites est au point mort, et les retraités ont voté en masse pour le Jobbik, le parti d'extrême droite, qui leur explique que tout irait mieux si, comme autrefois, la Hongrie se rapprochait de la Russie « pour mieux vendre ses produits ».Orban aura sans doute (via la majorité constitutionnelle ou une alliance avec le LMP, les Verts « libéraux-libertaires » entrés au Parlement), la capacité de réduire le nombre de communes (3.000 pour une population de 10 millions d'habitants) et de faire ainsi des économies sur une bureaucratie locale plutôt corrompue. forte corruptionMais les Hongrois attendent une offensive massive contre une corruption qui au cours des 20 dernières années a été la pratique normale de tous les partis au pouvoir. Le Fidesz n'échappe pas à la règle et n'a pas donné suite à la proposition du LMP de légiférer sur la transparence du financement des partis. Il est assez probable qu'un Orban impuissant dans tous ces domaines, choisisse une fuite en avant dans le nationalisme. Que sa majorité hégémonique fasse adopter une loi offrant aux Magyars, citoyens des pays voisins (Slovaquie, Roumanie, Serbie), la nationalité hongroise. Si elle le fait, la Hongrie s'attirera les foudres de l' UE et suscitera un regain de tension avec ses voisins.Si elle y renonce, le Fidesz risque de sentir de plus en plus fort sur son cou le souffle du Jobbik.
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