Dialogue de sourds sino-américain sur le yuan

Emplois américains contre emplois chinois. En ces temps de fragile reprise économique, le chômage hante l'esprit de tous les dirigeants. Barack Obama, le président américain, et Wen Jiabao, le Premier ministre chinois, en ont fait le constat, jeudi à New York, où ils se sont rencontrés en marge de l'Assemblée générale de l'ONU. Au centre de leurs échanges : l'épineuse question du yuan, la monnaie chinoise suspectée d'être sous-évaluée de 20 % à 40 % à des fins mercantiles. Depuis le 19 juin, lorsque la banque centrale chinoise a annoncé une plus grande flexibilité du taux de change, le yuan s'est apprécié de... 2 % contre le dollar. Aux États-unis, la tension monte alors que s'approchent les élections de mi-mandat, le 2 novembre. Une commission de la Chambre des représentants a justement prévu de soumettre au vote, ce vendredi, un projet de loi qui qualifierait la sous-évaluation du yuan de subvention à l'export , ce qui octroierait au département du commerce la faculté d'appliquer contre les produits chinois des droits de douane supplémentaires. Cette menace exaspère les dirigeants chinois. Wen Jiabao consteste qu'une réévaluation du yuan de 20 % puisse changer quoi que ce soit aux destructions d'emplois dont souffrent les États-Unis. L'industrie américaine ne produit plus de biens requérant une main d'oeuvre abondante, rappelle t-il. Sans compter que « les conditions d'une forte appréciation du yuan ne sont pas réunies », estime le numéro deux chinois qui craint le risque de faillites d'entreprises en série et de licenciements massifs en Chine si le yuan devait être substantiellement réévalué. « La cause principale du déficit américain n'est pas le taux de change de la monnaie chinoise, mais plutôt la structure des investissements et de l'épargne » des Américains dont le niveau d'endettement est chroniquement très élevé, a-t-il déclaré devant un parterre de patrons. Il reste toutefois conciliant : « tous les différends et frictions commerciaux Chine-États-Unis peuvent être résolus », dit-il. Laurent Chemineau
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