Paris célèbre Miles Davis par une exposition encyclopédique ...

La scène se passe à la Maison-Blanche, lors d'un dîner donné en 1987 par Ronald Reagan. À une invitée qui s'interroge sur les raisons de sa présence, Miles Davis rétorque : « J'ai changé le cours de la musique à cinq ou six reprises ! » Fier et franc en toute occasion, le trompettiste restera non seulement comme une star du jazz du XXe siècle mais aussi et surtout comme « le Picasso du jazz », l'artiste qui ne s'est jamais répété.Première exposition de la Cité de la musique consacrée à un jazzman, « We want Miles » présente les différentes « périodes » du « prince des ténèbres », à quelques mètres seulement de la scène de la Villette où l'homme donna, à 65 ans, son dernier concert public le 10 juillet 1991. Sur 800 m2, photos, films, lettres personnelles, tableaux, partitions, instruments témoignent de la richesse d'une carrière de quatre décennies et placent le visiteur dans les conditions rêvées pour s'immerger dans la musique de l'ange noir de la trompette, en petite cabine et en prise individuelle avec casque.ProtéiformeAinsi peut-on approcher l'artiste, et saisir comment « un petit bourgeois est devenu une star du jazz acoustique, explique le commissaire de l'exposition, le journaliste Vincent Bessières. Avant de révolutionner la musique sous l'influence du rock et de l'électronique » dans la deuxième partie de sa vie. Au fil des images et des sons, se dessine le portrait d'un musicien protéiforme, successivement comparse de Charlie Parker, figure tutélaire du be-bop, héraut de l'école cool, initiateur du jazz modal et icône du jazz-rock.Mais qui était vraiment ce musicien disparu le 28 septembre 1991 ? « Miles était un visionnaire qui portait un amour infini à la musique », témoigne aujourd'hui un de ses batteurs, Jack DeJohnette. Son biographe, Quincy Troupe, souligne : « La musique de Miles reflétait toute cette diversité [des États-Unis, Ndlr] avant même que le mot ?multiculturel? ne soit inventé. »Ouvert à toutes les musiques, Miles Davis ne transigeait pas avec son art. Ses anciens compagnons sont unanimes dans le livre de Franck Médioni « Miles Davis, 80 musiciens de jazz témoignent ». « Pour moi, Miles est l'exemple absolu de ce qu'un artiste devrait être, relate le saxophoniste Dave Liebman. Aucun compromis, impliqué à cent pour cent. Sur scène, il n'était pas question de plaisanter. Je n'avais jamais connu ça avant. » Honnêteté sans limite qui allait de pair avec un amour du beau. « Il s'arrêtait de jouer pour prendre le temps d'imaginer quelque chose de beau », se souvient le bassiste Marcus Miller. « J'adorais le son de Miles, c'était comme s'il chantait », souligne le guitariste Mike Stern.L'explorateur des sons, le musicien « qui ne se retournait jamais sur son pass頻, à en croire le trompettiste Paolo Fresu, restera aussi comme une « star » planétaire. Avec ses excès, ses passions, ses voitures de course et sa garde-robe du dernier cri. Mais surtout, il avait une aura. Aux côtés de Miles, en 1956-1957 et notamment pour la musique d'« Ascenseur pour l'échafaud », le pianiste René Urtreger se souvient : « Il était imposant, très chic, très intelligent, très attentif, très classe. On voyait l'homme d'exception. » À la ville tout comme à la scène. « Il n'a jamais essayé de démontrer qu'il était plus grand qu'il n'était, confie un de ses bassistes, Dave Holland. Il était déjà grand. »« We want Miles. Miles Davis : le jazz face à sa légende ». Cité de la musique (75019). 16 octobre-17 janvier 2010 (sauf lundi), www.citedelamusique.fr Miles, king of jazz
Commentaire 0

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

Il n'y a actuellement aucun commentaire concernant cet article.
Soyez le premier à donner votre avis !

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.