Les banques inégales face à la pression du régulateur

D'ici à 2012, les recommandations du Comité de Bâle pour renforcer la solidité des banques entreront en vigueur. Exigences accrues en fonds propres pour le risque de marché, mise en place de provisions dynamiques (constituées proportionnellement et au fur et à mesure de la distribution de crédit), durcissement des règles du jeu : les besoins en capitaux des établissements de crédit seront largement révisés à la hausse. Pour certains poids lourds du secteur bancaire, le choc sera rude. Notamment pour ceux dont les usages ne s'inscrivent pas dans la nouvelle ligne définie lors des derniers G20. Nombre de banques ont bénéficié jusqu'à aujourd'hui des largesses de leurs régulateurs nationaux, introduisant un biais dans les comparaisons des ratios de solvabilité (Bâle II) des banques entre pays. C'est d'ailleurs pour cette raison que l'agence de notation Standard and Poor's (S&P) a ?uvré ces dernières années à la création d'un ratio maison (le « ratio RAC », lire l'encadré) afin de gommer ces différences réglementaires et méthodologiques.Hier, S&P a rendu sa copie, après avoir enquêté auprès de 45 des premières banques mondiales. Et le résultat est éloquent. Seuls 5 établissements dépassent le niveau de ratio RAC requis (8 %) pour faire face à leurs risques, d'après l'agence. Sur l'ensemble de l'échantillon, les banques affichent un ratio RAC moyen de 6,7 %, contre 9,7 % pour le ratio Tier One. Le secteur bancaire hexagonal fait néanmoins bonne figure, avec Dexia et Crédit Mutuel aux deuxième et troisième positions, derrière ING. Pour les autres établissements français, l'équilibre est plus précaire, même si les augmentations de capital menées en automne ne sont pas prises en compte dans l'étude.En Suisse, c'est la douche froide. UBS, l'une des banques les mieux capitalisées du Vieux Continent au regard de son ratio Tier One (13,2 % au 30 juin), obtient un RAC de seulement 2,2 %. Pourquoi ? Simplement car S&P sanctionne la forte présence d'instruments hybrides (81 %) dans la base de capital Tier One d'UBS. « Des exemples aussi extrêmes disparaîtront dans les années à venir, dans la mesure où les régulateurs doivent mettre en place une définition plus stricte et cohérente du Tier One », estime S&P.Fait surprenant, des disparités fortes existent également dans un même pays. Aux États-Unis, Citigroup s'est ainsi vu attribuer le bonnet d'âne (2,1 %), alors que Goldman Sachs et Morgan Stanley dépassent les 8 % de RAC. Enfin, les banques canadiennes, notamment la Toronto-Dominion Bank (8 %), se distinguent dans le classement, grâce à leur faible présence sur les marchés financiers. Une preuve de plus, s'il en fallait, de l'inégalité des banques face aux changements réglementaires en cours.
Commentaire 0

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

Il n'y a actuellement aucun commentaire concernant cet article.
Soyez le premier à donner votre avis !

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.