L'intrusion de la finance dans l'aluminium alimente une forte bulle

métaux de baseAvec des stocks qui s'amoncellent, et des prix qui continuent de grimper, le marché de l'aluminium défie la rationalité. Depuis le début de l'année, ses cours ont bondi de 33 % sur le LME, soit la plus forte hausse depuis 1994. Et pourtant, les hangars de stockage débordent d'aluminium. Les « warehouses » officielles des places de marché comme le London Metal Exchange ne sont pas loin d'être saturées, avec 4,5 millions de tonnes d'aluminium. Mais les stocks du métal blanc seraient en fait nettement plus importants, selon un négociant. En effet, l'aluminium ne se corrode pas. En théorie, il suffit donc d'un terrain vague muni d'une clôture pour conserver le métal. L'intérêt ? Le prix de l'aluminium à échéance lointaine étant nettement plus élevé que pour livraison immédiate, stocker du métal permet de générer une rentabilité de 6 % par an. « Plutôt que de se porter sur des bons du Trésor, les financiers achètent de l'aluminium, c'est évident », assure ce négociant. La flambée de l'aluminium semble liée à la chute du dollar : pour se protéger de la perte de valeur du billet vert, les investisseurs n'ont visiblement pas acheté que de l'or, si l'on considère la courbe des cours de l'aluminium. Détail supplémentaire : c'est aux États-Unis, et plus précisément à Chicago, Detroit et Baltimore que les hangars officiels du LME sont le plus surchargés.immense detteÀ cela s'ajoute le jeu trouble de Glencore, un des premiers négociants en aluminium, qui a raflé toute la production de sa filiale à 10 % Rusal sur la fin de l'année 2009. À lui seul, Glencore serait à la tête d'un minimum de 1,3 million de tonnes d'aluminium, ce qui représente près de 4 % de la production annuelle dans le monde. En achetant le métal, le groupe suisse aura permis à Rusal d'assainir son immense dette à la veille de son introduction en Bourse. Mais, en évitant de mettre le métal blanc sur le marché, Glencore soutient aussi artificiellement les cours. Les clients habituels de Rusal, comme les Japonais ou encore les pays de la mer Noire, ont dû se tourner vers d'autres producteurs, en Chine ou au Brésil. Et c'est tout le paradoxe de la situation actuelle : les stocks sont immenses, mais on ne trouve plus d'aluminium sur le marché.Selon des sources financières, Glencore se serait allié avec Credit Suisse pour mieux faire fructifier son métal blanc, en créant un ETF (« exchange-traded fund ») sur l'aluminium, et attendrait d'obtenir un agrément pour le lancer.Mais gare à l'éclatement de la bulle. Selon Barclays Capital, le surplus devrait atteindre 1,63 million de tonnes en 2010, soit une hausse de 29 % par rapport à l'excédent de l'année en cours. Et les Émirats arabes unis devraient fêter, en avril, l'ouverture de la plus grande fonderie d'aluminium au monde. Aline Robert
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