L'Allemagne, seul véritable « think tank » dans la crise de l'euro

Avec la crise grecque, les gouvernements de la zone euro auront montré combien la solidarité de ce club de 16 membres ne va pas de soi. Quant début 2010, les marchés financiers exigent des taux de plus en plus élevés pour détenir la dette grecque, Athènes est pressée de faire preuve de plus de rigueur. Angela Merkel, la chancelière temporise, entre une opinion très critique et des élections régionales cruciales en mai. Elle rejette même la proposition de son ministre des Finances, Wolfgang Schäuble, de créer un Fonds monétaire européen pour sortir de la crise de la dette. En cas d'aide, l'Allemagne devra payer le plus lourd tribut.Après de multiples discussions, les responsables européens prennent conscience du danger qui menace non seulement la Grèce mais aussi l'Irlande, le Portugal, l'Espagne, même l'euro dans son ensemble. Le 25 mars, un plan de sauvetage pour Athènes, de 110 milliards d'euros sur trois ans, dont 30 milliards abondés par le Fonds monétaire international (FMI), est annoncé puis finalisé le 21 avril. Cette présence du FMI, contestée avec force par Jean-Claude Trichet, le gouverneur de la Banque centrale européenne (BCE), donne une dimension internationale à la crise grecque.Si l'Allemagne avait traîné des pieds pour sauver Athènes, désormais, elle va jouer le premier rôle. Le 9 mai, à Bruxelles, un plan d'aide à tout pays qui en fera la demande est annoncé. D'un montant total de 750 milliards d'euros, ce « mécanisme européen de stabilisation financière (MESF) » est destiné à rassurer les marchés financiers sur la solidité de la zone. 60 milliards d'euros seront fournis par la Commission, 440 milliards d'euros sous forme de garanties par les États-membres (FESF) et 250 milliards par le FMI. « Mécanisme permanent »Surtout, dès le 19 mai, Berlin propose de créer « la mise en place d'un cadre permanent de gestion de crise pour la zone euro », impliquant directement les créanciers privés des États en difficultés (en gros les banques) dans les sauvetages ultérieurs. Et Berlin envisageait même de confier la restructuration de la dette d'un pays de la zone euro à une sorte de « club de Berlin » pilotant, si nécessaire, la mise sous tutelle de la trésorerie du pays. En juillet, Paris a refusé une telle idée. Ce n'est qu'au Sommet de Deauville de la mi-octobre que Nicolas Sarkozy s'est rendu aux arguments allemands en troquant son aval pour « ce mécanisme permanent » dès 2013 dans le Traité de l'Union européenne contre un abandon de sanctions automatiques contre les pays ne respectant pas le Pacte de stabilité.Non seulement la charpente de ce mécanisme permanent est allemande mais Berlin l'a déjà élaboré en détail (voir ci-dessus). Si le pacte de stabilité n'avait pas réussi à imposer la rigueur budgétaire dans la zone euro, Berlin veut s'assurer que le mécanisme de stabilité financière le fera. Robert Jule
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