Prix : vers la normalisation

Jusqu'à récemment, les marchés restaient de marbre devant la flambée des céréales, de l'huile et autres ingrédients de la vie. L'accélération spectaculaire des prix de toutes les matières premières depuis deux mois, et en particulier des prix du pétrole autour de 100 dollars le baril, a fini par les réveiller. C'est ce qui ressort des swaps d'inflation sur la zone euro, ces instruments d'assurance qu'utilisent les investisseurs et les industriels pour se couvrir contre le risque d'inflation ou de déflation : aujourd'hui, ces derniers anticipent une inflation à 2,05 % d'ici cinq ans dans la zone euro. Mi-novembre, ils tablaient sur seulement 1,68 % à cinq ans. Mais les paris à 10 ans restent inchangés, avec un rythme de 2,1 % en 2021. Tout se passe comme si à la faveur de ce « choc d'inflation », et d'un certain retour de la croissance qui réduit les capacités inemployées, les anticipations d'inflation s'étaient enfin normalisées, reprenant leur profil d'avant la faillite de Lehman. C'est bien pour cela, et parce que la hausse des prix dans la zone euro a atteint 2,2 % à fin 2010, que le discours du gouverneur de la Banque Centrale Européenne a brutalement changé : il s'est lui aussi normalisé, reprenant les mêmes mots qu'en 2008. Trichet « prêt à »Qu'on en juge : dans l'interview au « Wall Street Journal » publié lundi, Jean-Claude Trichet affirme que si les prix augmentaient trop vite, et surtout s'ils déclenchaient des « effets de second tour » en poussant les salaires à la hausse, la BCE réagirait rapidement en relevant ses taux. Il est donc prêt à revenir à sa politique traditionnelle de lutte contre l'inflation, sa mission première, tout en poursuivant sa politique non conventionnelle de rachat d'obligations souveraines. Mais s'il est « prêt à », il n'est peut-être pas encore « près de », les salaires nominaux ayant pour l'instant, sauf en Allemagne, plutôt tendance à baisser dans la zone. Reste à savoir si les marchés s'inquièteront ou non de l'effet des injections de liquidités, en particulier aux Etats-Unis, sur les prix. Pour l'instant, ils se montrent sereins, l'histoire récente ayant montré qu'elles gonflaient le prix des actifs, sans altérer les prix à la consommation. L'exception à la règle, qui veut que les murs de dettes soient toujours monétisés, comme le rappelle AXA IM, pourra-t-elle perdurer ?
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