Accor est prêt à entamer sa double vie

Le compte à rebours a commencé. Gilles Pélisson, le PDG d'Accor, s'est donné jusqu'à fin juin pour boucler la scission de son groupe entre les activités de services prépayés, comportant notamment les émissions de Ticket-Restaurant, et l'hôtellerie. Un virage historique pour une entreprise qui a longtemps fondé son discours, notamment en période de crise, sur les vertus défensives de ce double positionnement. D'ailleurs, peut-être que sans ce double métier, Accor n'aurait pas pu afficher un résultat courant avant impôt de 448 millions d'euros, en haut de la fourchette initialement prévue par sa direction. Pour l'heure, le conseil d'administration a choisi d'ignorer la réprobation des représentants du Fonds stratégique d'investissement (FSI), propriétaire de 7,4 % du capital, en validant ce tournant stratégique.L'opération se traduira par l'apparition de deux nouvelles entités cotées : Accor Hospitality (regroupant les actifs hôteliers) et Accor Services. Le premier supportera 75 % des 1,6 milliard d'euros de dettes nettes inscrites dans le bilan à fin décembre, le solde (400 millions d'euros) étant à la charge du second. Une répartition globalement en ligne avec les attentes des analystes. L'objectif est double : optimiser le développement individuel de chaque branche et permettre à chacune de libérer pleinement son potentiel de valeur en Bourse. Plus facile à dire qu'à faire. Car des doutes subsistent sur l'intérêt d'un divorce entre les deux métiers historiques d'Accor.Certes, en faisant cavalier seul, le futur Accor Services pourra allouer ses abondantes ressources (lire ci-dessous) à gagner du terrain sur un marché des services prépayés dont la taille était estimée à 40 milliards d'euros en 2008. En revanche, le financement des développements hôteliers dépendra désormais essentiellement du bon déroulement des cessions d'actifs immobiliers dont le montant devrait atteindre 2 milliards d'euros entre 2010 et 2013. Et ce, alors qu'une enveloppe de 1,2 milliard d'euros devrait être consentie à des investissements sur la période. Sans compter que l'équation dépendra également des conditions de vente des 49 % détenus par Accor dans le groupe Lucien Barrière. Accor compte en retirer entre 500 et 700 millions d'euros, une somme qui, selon un analyste, paraît un peu élevée compte tenu de la morosité des perspectives du secteur des casinos. Pour le moment, aucun acquéreur potentiel ne se serait manifesté.Certains observateurs, notamment du côté des agences de notation, jugent cette marge de manoeuvre financière un peu étroite dans un contexte de faible visibilité sur l'évolution de la conjoncture. À la lumière des nouveaux éléments communiqués, les analystes de Standard & Poor's ont dégradé leur note de BBB à BBB?, dernier stade avant de sortir de la sacro-sainte catégorie « investment grade ». Ils considèrent, entre autres, que la séparation des deux activités est de nature à altérer le profil de risque du modèle économique d'Accor.
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