Barrage sur l'Atlantique

chronique des marchésLe succès de la petite émission obligataire du Portugal, mercredi, illustre un certain retour au calme des marchés de la dette européens. L'État portugais a levé 1 milliard d'euros à cinq ans assorti d'un rendement à l'émission de 3,5 %, soit 25 points de base de plus seulement que les bons du Trésor de même échéance. Mais retour au calme ne veut pas dire retour au « statu quo ante ». Les bons du Trésor de la Grèce et des deux pays de la péninsule Ibérique sont loin d'avoir retrouvé le niveau qui était le leur avant la crise ouverte par la révision du solde des finances publiques helléniques. Crise qui s'est ensuite propagée peu ou prou à toute la zone euro. Hormis les effets constatés sur la parité du couple infernal euro-dollar, les turbulences européennes n'ont pas franchi l'Atlantique. Si de ce côté-ci on a pu assister à l'envol du coût des protections sur le risque de crédit des emprunts d'État et des obligations d'entreprises de la zone euro, on a au contraire constaté une détente du prix de ces assurances aux États-Unis. Les CDS des obligations « corporate » américaines ont baissé de 7,3 % depuis le 10 février, lorsque le président de l'UE Herman Von Rompuy a plaidé en faveur de la solidarité au sein de la zone euro. Mais, en Europe, la détente n'a été que de 2,1 % pour le prix de ces mêmes contrats de protection. La divergence marque une rupture avec l'évolution parallèle des deux côtés de l'Atlantique du coût de ces protections lors des semaines précédentes. Comme si le marché restait insensible aux engagements pris par la Grèce pour réduire ses déficits de façon drastique. Pas de contagion donc. Reste à savoir si ce barrage de l'Atlantique sera plus solide que le « Barrage contre le Pacifique » de Marguerite Duras. Christophe Tricaud
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