Le sytème bancaire espagnol est déclassé par Moody's

L'agence de notation Moody's a annoncé jeudi la baisse de la note de la dette senior de trente établissements financiers espagnols. Elle a même plongé celle de trois d'entre eux au rang d'obligations de pacotille : Banco de Valencia, Banco Pastor et CatalunyaCaixa. De plus, les perspectives sont négatives pour la plupart des établissements notés.Cette information tombe mal au lendemain de la chute du gouvernement portugais qui place l'Espagne dans la tourmente. Pour autant, chez Moody's, on affirme que la coïncidence des dates est un « hasard » puisque « Moody's avait mis en révision les notes de la dette des banques espagnoles le 20 décembre », explique un analyste de l'agence de notation. La baisse de la note de la dette souveraine espagnole de Aa1 à Aa2 il y a deux semaines a largement influencé Moody's dans sa notation des banques. L'agence souligne en effet qu'il est possible qu'à l'avenir, le gouvernement ne soit pas en mesure de faire un « chèque en blanc » aux banques puisqu'il a lui-même à assurer son propre bilan. Or la qualité de la dette des établissements bancaires dépend aussi des probabilités d'un soutien public en cas de besoin. Les banques espagnoles n'ont pas apprécié cette dégradation brutale. Banco Pastor a ainsi souligné dans un communiqué que « la mesure adoptée [...] ne répond pas à des facteurs spécifiques de la banque [...] mais à des considérations sur l'appui systémique extraordinaire que peut apporter [...] le Gouvernement aux entités financières espagnoles ». De fait, en milieu de séance Jeudi, la cote d'aucune des banques figurant dans l'Ibex 35, principal indice boursier du pays, ne baissait. Il n'empêche, si la vulnérabilité de la dette souveraine a pesé sur les notes des banques, le secteur financier dans son ensemble a aussi été un facteur déterminant de la baisse de la note souveraine de l'Espagne le 10 mars dernier. Exposition immobilièreLe système financier a été particulièrement touché par l'éclatement de la bulle immobilière en Espagne. Celle-ci est en partie responsable de la détérioration des actifs des caisses d'épargne (à hauteur de 52 milliards d'euros depuis janvier 2008) qui les a conduit à multiplier les opérations de fusions et rapprochements. Résultat : le nombre de caisses d'épargne est tombé de 45 à 17 et leur taille moyenne de 29 milliards d'euros à 76 milliards d'actifs. Ceci sans compter la dernière fusion annoncée, jeudi, par trois caisses basques. L'assainissement des bilans est toutefois loin d'être terminé dans ce secteur puisque la Banque d'Espagne juge « problématiques » 46 % des 217 milliards d'euros d'actifs des caisses dans l'immobilier. Cette exposition immobilière ajoutée à la stagnation du produit intérieur brut (PIB) ont provoqué la méfiance des investisseurs. Pour y remédier, le gouvernement a élevé en février le seuil des capitaux durs à 8 %, voire à 10 % pour certaines entités (dont les caisses d'épargne). Il a aussi imposé la « bancarisation » (transformation en banques) des caisses qui seraient obligées de se recapitaliser via des fonds publics. Les autres caisses tendent aussi à passer au format bancaire pour attirer les investisseurs privés.Ces mesures ont permis une certaine détente des conditions de financement des établissements bancaires espagnols sur les marchés. La baisse de leur note par Moody's ne devrait pas les pénaliser. Selon une source interne d'une banque espagnole, « il y a une décorrélation brutale entre les ratings des banques et les choix des investisseurs. Finalement, 90 % du prix qu'une banque paye pour capter de la dette provient du risque souverain ». Gaëlle Lucas, à Madrid
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