« Les banques malaisiennes offrent toutes des produits compatibles avec la Charia »

STRONG>Raja Teh Responsable de la finance islamique à la Bourse de MalaisieComment expliquez-vous le succès de la finance islamique en Malaisie ?La Malaisie a une population qui est à 70 % musulmane et nous avons une longue tradition dans ce domaine. L'idée de départ de la finance islamique est née à partir d'un fonds créé en vue d'aider certains musulmans à financer leur pèlerinage à la Mecque. Aujourd'hui toutes les banques offrent ce type de produits, même s'il nous a fallu attendre 30 ans avant de voir des banques islamiques à part entière émerger. Il y en a cinq aujourd'hui en Malaisie : deux sont malaisiennes, trois sont issues du Moyen-orient au rang desquelles Al-Rajhi (Arabie Saoudite) et Kuwait Finance House. Le fait d'avoir les infrastructures et une demande pérenne permet d'avoir des produits dédiés aux particuliers relativement compétitifs. De même que les sukuks en ringgit sont moins chers que les autres obligations en monnaie locale. Et ce, en raison de la base d'investisseurs qui est plus large. La Malaisie est le pays qui détient le plus de fonds mutuels dans ce domaine après l'Arabie saoudite. Vous mettez en avant le côté éthique de cette finance. Ne s'agit-il pas là d'un simple argument à des fins commerciales ?Non. Pour preuve, je peux vous donner l'exemple d'une banque chinoise : Hong Leong Bank, présente en Asie, qui a choisi de distribuer des produits compatibles avec la Charia alors que 70 % de sa clientèle n'est pas musulmane. En Asie, les gens ont été marqués par la crise des années 90 et par des taux d'intérêt à plus de 20 % qui ont réduit leur pouvoir d'achat. Le fait d'avoir une banque à leur côté comme partenaire à l'occasion d'un achat immobilier a par exemple de quoi les rassurer. En outre, les banques en Malaisie n'ont guère été touchées par la crise des « subprimes », et ce, notamment parce qu'elles ne sont pas autorisées à spéculer sur les produits dérivés. Vous avez été au coeur des négociations qui ont donné le jour à la nouvelle plate-forme de liquidité interbancaire au service de la finance islamique et à laquelle ont participé 10 banques centrales. Quel est son objectif ?L'accord a été signé le 25 octobre dernier. Cette plate-forme doit nous aider à avoir plus de transparence sur les prix mais également à introduire de nouveaux produits financiers, notamment des fonds d'investissement cotés. Pour l'heure, la liquidité est titanesque, de l'ordre de 830 milliards de dollars alors que les supports d'investissement manquent. Les sukuks ne représentent par exemple qu'un montant de l'ordre de 130 milliards de dollars. Propos recueillis par Marjorie Bertouille
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