Les particuliers japonais se ruent sur les devises exotiques

Madame Watanabe est de retour sur les marchés mondiaux. Selon les dernières estimations de la Banque du Japon, les particuliers japonais détenaient 4.830 milliards de yens, soit 42,9 milliards d'euros de dépôts en devises en novembre dernier. Soit une hausse annuelle de 3 %, et le plus fort montant depuis 1999. La madone proverbiale des petits porteurs nippons a des comportements de vamp avec son épargne. Conservatrice chez elle, elle n'hésite pas à placer le bas de laine du ménage sur des devises exotiques de pays émergents type real brésilien, lire turque ou rand sud-africain. Son pari : elle escompte profiter des taux d'intérêt attachés à ces devises et se libérer des taux quasi-nuls versés au Japon. Risque : un violent retournement du change, comme il s'en produit fréquemment entre le yen et le reste du monde. Lors du « choc Lehman Brother », beaucoup de petits porteurs s'étaient ainsi brûlé les ailes, préférant arrêter net leurs investissements en devises et rapatrier leurs capitaux. Mais ils reviennent : le Japon étant revenu à une période d'endaka, ou yen fort, Madame Watanabe estime qu'elle prend peu de risques. « Ces produits en devises ont simplement l'avantage d'offrir un rendement, ce que bien peu de placements au Japon proposent », note un investisseur étranger.Haut rendement« Ma belle-mère chinoise ne s'aventurerait pas sur des placements pareils ! », s'amuse un banquier français à Tokyo. En réalité, Madame Watanabe prend une décision raisonnée. Non seulement son épargne ne lui rapporte rien dans son pays, mais les marchés boursiers japonais sont en déconfiture depuis 20 ans. Au surplus, elle voit fondre comme neige au soleil les perspectives de rentes pour sa retraite. La population japonaise vieillit vite, n'est pas renouvelée et le montant des allocations retraite diminuera à l'avenir. D'où la nécessité absolue de chercher des produits à haut rendement. Hier perçue comme excentrique, Madame Watanabe fait des émules dans le reste du monde développé, qui, « japonisé » à son tour, vit aussi à l'ère des taux bas depuis le choc Lehman en 2008. « Mme Smith et Mme Schmidt aussi ont commencé à s'intéresser aux devises étrangères », notait le quotidien économique « Nikkei » dans un récent éditorial. Régis Arnaud
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