Zacharias : le procès du trop c'est trop

C'est une affaire exceptionnelle qu'examine jusqu'à vendredi soir le tribunal correctionnel de Nanterre. Un patron célèbre pour avoir constitué un géant mondial du bâtiment-travaux publics est poursuivi pour abus de bien sociaux : il s'est fait octroyer entre 2004 et 2006 des augmentations de salaire, puis un « parachute doré », des stock-options et une retraite chapeau dont les montants excèdent tout ce qui s'est pratiqué en France auparavant et depuis (le total pourrait atteindre les 100 millions d'euros). Antoine Zacharias encourt 375.000 euros d'amende et cinq ans de prison.étrange procès : le septuagénaire, aujourd'hui en retraite à Genève, n'a pas violé la lettre des procédures, puisque tous les avantages qu'il a obtenus ont été validés par le comité des rémunérations et le conseil d'administration de Vinci. La seconde bizarrerie, soulignée par la présidente du tribunal, est que le groupe Vinci s'est porté partie civile mais ne réclame pas de réparation financière à son ancien patron. La troisième, c'est la qualité des personnalités citées : Quentin Davies, nommé par Antoine Zacharias pour présider le comité des rémunérations si accommodant à son égard, est aujourd'hui secrétaire d'état à la défense du gouvernement britannique ; Alain Minc, écarté de ce même comité par Zacharias, est conseiller de l'élysée. à la suite d'une plainte déposée en 2006 par un petit actionnaire qui s'estimait lésé par les émoluments du PDG de Vinci, le procureur de Nanterre Philippe Courroye a ouvert l'enquête en 2007. Depuis, la crise financière a rendu encore plus intolérables, aux yeux de l'opinion, les rémunérations de certains dirigeants d'entreprise. Les politiques se sont émus, le patronat a adopté un code de bonne conduite. Le monde a changé autour d'Antoine Zacharias.
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