Didier Migaud : l'habit fait le moine

Ancien patron de la rédaction de Charlie Hebdo, voilà Philippe Val, aujourd'hui directeur de France Inter, accusé d'être devenu un agent de l'Elysée et d'avoir mis au pas la radio publique en poussant à la porte l'humoriste Stéphane Guillon. Quant à Dominique Strauss-Kahn, nombre de ses anciens "amis" socialistes lui reprochent de mener une politique libérale à la tête du FMI. Didier Migaud va-t-il être à son tour accusé de virer casaque ? Jeudi, en présentant le rapport annuel de la Cour des comptes sur la situation et les perspectives des finances publiques, le successeur de Philippe Séguin n'a pas fait en tout cas dans la dentelle. "Il faut aller au delà de ce qui est prévu. Le redressement des comptes est possible si des mesures immédiates, plus importantes et plus lourdes sont prises", a-t-il lancé. En clair, les efforts d'économie du gouvernement Fillon seraient loin du compte. Le nouveau premier président de la Cour des comptes estime nécessaire une réduction de 20 milliards d'euros par an du déficit structurel face à notre dette de 1.500 milliards (voir La Tribune du 24 juin). Rigueur or not rigueur ?Didier Migaud a également estimé que la réforme des retraites préparée par le gouvernement Fillon n'allait pas assez loin... C'est Martine Aubry qui appréciera. Le premier ministre, en tout ca, semble avoir entendu le message puisqu'il a annoncé, hier, lors d'une conférence de presse, de nouvelles mesures pour renflouer les comptes de la branche retraite dès 2011, sans attendre les effets de la réforme en cours. Comme François Fillon, l'ancien fabiusien Didier Migaud n'a pas employé le mot, désormais sacrilège, de rigueur. Mais au nom de la Cour, il a détaillé les remèdes proposés pour ramener les déficits de la France dans les clous : couper dans les dépenses sociales, geler la paie des fonctionnaires, réduire les niches fiscales, augmenter les prélèvements fiscaux .....Si ce n'est pas de la rigueur, cela lui ressemble beaucoup. Vérité aujourd'hui...On ne pourra pas dire que Didier Migaud ait vraiment changé son fusil d'épaule. En octobre 2009, celui qui n'était alors que président de la commission des finances de l'Assemblée, faisait part dans une interview à BFM de "son inquiétude" concernant l'explosion du déficit prévue dans le budget 2010. Pourtant, le même Didier Migaud déclarait, en juin 2008, "redouter un plan de rigueur d'une ampleur sans précédent", après l'annonce par François Fillon d'une révision à la baisse des prévisions de croissance pour l'année. Comme quoi, les mêmes réalités n'ont pas la même signification lorsqu'on appartient à l'opposition et lorsqu'on est aux responsabilités. Depuis 1981, les socialistes en ont fait plusieurs fois l'expérience....
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