Supercalculateur pour simulation nucléaire

formatiqueC'est un bijou de technologie qui prend corps dans les sous-sols de la Direction des affaires militaires (DAM) du Commissariat à l'énergie atomique (CEA) à Bruyères-le-Châtel, dans l'Essonne. Le premier élément du supercalculateur Tera 100 de Bull, qui doit entrer en fonction mi-2010, tient dans une grande armoire de quelques mètres de long. « Ces dizaines de processeurs montés en parallèle ont autant de puissance que le précédent supercalculateur du constructeur informatique installé ici, qui occupe une pièce de 600 mètres carrés », observe Bernard Bigot, administrateur général du CEA, ravi de son partenariat avec Bull. Ce supercalculateur remplacera la précédente machine, le Tera 10, livrée en 2005. Une fois tous les éléments connectés, il occupera la même surface pour une capacité de calcul vingt fois supérieure.Ce nouvel ordinateur, dont le coût est estimé entre 50 et 70 millions d'euros, sera le plus puissant d'Europe. Le Tera 100 pourra exécuter un million de milliards d'opérations par seconde (un pétaflops). « À titre de comparaison, il faudrait deux jours aux six milliards d'habitants de la planète pour réaliser le nombre d'opérations qu'il fait en une seconde », explique Didier Lamouche, PDG de Bull, qui présentait la semaine dernière ce prototype à la ministre de l'Économie, Christine Lagarde. Seuls deux ordinateurs au monde ont franchi la barre du pétaflops, le Roadrunner d'IBM et le Jaguar de Cray, tous deux installés dans les laboratoires du ministère américain de l'Énergie. Les experts estiment que l'exaflops (un milliard de milliards d'opérations par seconde) pourra être atteint en 2020.Pour le CEA-DAM, cet équipement est une solution alternative indispensable à la fin des essais nucléaires décidés en 1996 : il permet de simuler le fonctionnement des armes nucléaires avec un degré de précision et de fiabilité jamais égalé. Cette validation numérique fournie par le CEA sert aussi à la conception des réacteurs nucléaires des sous-marins.Le calcul haute performance a d'autres champs d'application, nettement plus pacifiques. La puissance du calcul intensif permet, en effet, de développer des solutions de simulation dans le civil : validation des techniques de constructions antisismiques, analyse plus fine du comportement des océans, optimisation de la coagulation des polluants de l'eau, modélisation des effets d'un médicament sur le corps humain, cartographie dynamique des fonctions du cerveau? La liste est longue des secteurs d'activité qui sont intéressés par ces simulations fiables et rapides.C'est d'ailleurs pour favoriser le rapprochement entre la recherche sur le calcul haute performance et les industriels que le CEA a participé au projet de technopôle Teratec qui va se concrétiser fin 2010. Ce campus regroupera 1.000 personnes sur 15.000 mètres carrés de laboratoires et de bureaux à proximité immédiate du site du CEA. Laurent PericoneSeuls deux ordinateurs américains ont cette puissance de calcul.
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