Les consommateurs chinois se font attendre

Cette année, ils sont partout. Les Chinois sont venus en force à Davos, dans les sessions, dans les couloirs du centre de congrès, dans les salles où se tiennent les rendez-vous d'affaires. Ils ont aussi colonisé les thèmes du Forum. Toute session sur la conjoncture débouche immanquablement sur le « rééquilibrage » de la croissance chinoise, considéré par tous les experts comme la solution à la crise. Une Chine qui consommerait davantage stimulerait en effet le reste du monde, les pays développés en particulier, qui subissent aujourd'hui le déluge des exportations « made in China ».Tous les intervenants chinois sont questionnés, voire mis sous pression, à ce sujet. Ils se défendent avec force chiffres censés témoigner d'un changement de régime économique du pays, plus favorable à la consommation intérieure. Les données de base de la macroéconomie racontent pourtant une tout autre histoire. La consommation ne représente que 38 % du PIB, soit presque deux fois moins que le pourcentage qu'occupent les achats des ménages dans l'économie américaine. De surcroît, cette part a considérablement chuté depuis trente ans, à mesure de la croissance des exportations et de l'investissement. L'excédent chinois a diminué, mais en large partie à cause du ralentissement du commerce mondial en 2009. Période d'expansionDeux verrous bloquent la hausse de la consommation. D'abord le taux de change du yuan, sous-évalué de 40 %, qui limite le pouvoir d'achat international du pays et oriente les ressources vers l'exportation. Ensuite, la persistance d'un taux d'épargne important, lié à la quasi disparition du système de santé et de retraite public chinois. Nul doute que ces deux verrous à terme sauteront. Wang Boming, rédacteur en chef de la revue « Caijing », en est persuadé. « Les 30 dernières années ont été consacrées aux reformes économiques et la Chine a connu la plus longue période d'expansion de son histoire. Ces réformes doivent désormais être remplacées par des réformes sociales. » Mais le rééquilibrage pourrait prendre une décennie, voire, pour certains experts, une génération. E. C. et F. L.
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