Chypre menacée par la fuite des capitaux

Le contrôle des capitaux instauré à Chypre ce week-end a bien du mal à être mis en place. Déjà lundi, le quotidien allemand Frankfurter Allgemeine Zeitung soulignait que les demandes de fonds de la Banque centrale de Chypre à la BCE avaient été la semaine dernière anormalement élevées : entre 100 et 200 millions d’euros par jour. Surtout, comme le souligne l’agence Reuters, ce montant était supérieur aux retraits effectués par les Chypriotes aux distributeurs automatiques de billets, seul moyen de disposer d’argent liquide dans l’île puisque les banques étaient fermées.Pas de panique à Londres Mais, comme le souligne également Reuters, les filiales des deux grandes banques chypriotes, la Laïki, et la Banque de Chypre (BoC) au Royaume-Uni et en Russie sont restées ouvertes la semaine dernière et n’ont pas posé de limites aux retraits de leurs clients. C’est peut-être là la faille qui pourrait coûter cher au « plan de sauvetage » de Chypre. Selon le quotidien britannique The Guardian, cette situation se poursuit à Londres. « Nous sommes ouverts, nous continuons les opérations comme à l’accoutumée et il n’y a pas de restrictions sur les comptes de nos clients », explique ainsi à ce journal Ruth Harvey de la filiale britannique de Laïki qui ajoute : « nous sommes assis sur une mer de liquidités. » Ce mardi, le chancelier de l’échiquier, le ministre des Finances britannique, a annoncé qu’il travaillait avec les autorités chypriotes à « une solution » pour les déposants britannique de la Laïki. Les Britanniques auraient environ 2 milliards d’euros de dépôts sur les banques chypriotes.Un contrôle pas facilePas de panique, ni de signes d’activités particulière dans la filiale britannique, mais pas de restrictions non plus. Les non-résidents disposant de comptes dans les banques chypriotes ont-ils pu tranquillement vider leurs comptes ? Nul ne le sait, mais ceci expliquerait l’hémorragie de fonds signalée par la Banque centrale de Chypre la semaine passée. Le contrôle des capitaux chypriotes semble donc avoir des failles. Il va falloir bloquer toutes les transactions vers les filiales étrangères et discuter avec les autorités de ces pays pour déterminer le sort de leurs résidents disposant de comptes. Autrement dit, la mainmise sur les fonds des déposants non résidents est loin d’être chose aussi aisée que ce qui a été présenté par les Européens lundi matin.Un élément clé du plan de sauvetagePourtant, le contrôle des capitaux est un élément clé de la réussite du plan. Sans lui, la recapitalisation de la Banque de Chypre et de la structure de défaisance de la Laïki deviendrait impossible. Le plan prévoit en effet de rééquilibrer le bilan de ces banques en faisant participer les déposants de plus de 100.000 euros. La participation pourrait être considérable, car les actifs de ces banques sont pratiquement inexistants. On parle de 30 %, voire de 50 %. Les déposants auront donc été tentés de retirer les sommes supérieures à 100.000 euros pour échapper au couperet. On ignore actuellement le montant des sommes qui ont quitté les banques chypriotes. La question est de savoir combien de déposants dépasseront les 100.000 euros et ce que ceux qui dépassent cette limite auront laissé sur leurs comptes. De cela dépend l’avenir et la réussite du plan de sauvetage. Si les retraits ont été trop importants, le plan deviendra impossible à mettre en œuvre.Vers la Lettonie ?Reste que l’on sent un peu de fébrilité. Reuters a cité un « banquier de la BCE » qui aurait mis en garde les autorités lettonnes. Riga serait soupçonnée d’avoir accueillis des fonds russes venant de Chypre. « Il a été clairement dit à nos amis lettons que s’ils veulent rejoindre l’euro, ils ne doivent pas fournir un refuge à l’argent russe qui sort de Chypre », a indiqué cette source. L’information a été démentie par le premier ministre letton et son ministre des Finances. Mais la Lettonie pourrait être une destination possible : la monnaie du pays, le lats, est fermement ancrée à l’euro et le système financier letton est remarquable de stabilité. Une monnaie forte et stable… Ce sont les mêmes raisons qui avaient attiré les Russes à Chypre dans les années 1990. Quant au président de la banque centrale chypriote, Panicos Demetriades, il a voulu rassuré les épargnants en annonçant à partir de jeudi un contrôle des capitaux « souple. » Une annonce néanmoins peu crédible au regard des besoins du plan.  
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