Défense : François Hollande partagé entre ambition et réduction de voilure

\"Plus que jamais, la France a besoin d\'une défense forte\", a estimé ce vendredi François Hollande, en expliquant la future politique de la défense de la France à l\'Institut des Hautes Etudes de Défense Nationale (IHEDN). Pour autant, sous la pression des contraintes budgétaires, la France réduit progressivement mais inexorablement ses ambitions dans le domaine de la défense. Certes, un peu moins que sous le quinquennat de Nicolas Sarkozy, qui avait déjà demandé beaucoup (trop ?) d\'efforts aux militaires. François Hollande a confirmé donc les 24.000 nouvelles suppressions de postes dans les armées d\'ici à 2019, en entérinant les grandes orientations du Livre Blanc de la Défense, dans un discours prononcé à l\'IHEDN.Toutefois, François Hollande a réaffirmé vouloir garder une ambition pour la France. \"D\'abord, pour rester ce qu\'elle est : un pays indépendant, un allié fiable, une puissance dont les armées sont sollicitées sans discontinuer depuis une dizaine d\'années. Ensuite, pour appréhender le nouveau contexte géopolitique\". La France, explique-t-il, \"doit se donner un objectif, un seul : à tout moment assurer sa sécurité, répondre aux attentes de ses partenaires comme de ses alliés, et préserver la paix dans le monde. La France y a vocation parce que membre permanent du Conseil de sécurité des Nations Unies, elle a cette responsabilité.Nouvelle réduction de 24.000 militairesLe Livre blanc de la Défense 2013, remis fin avril au président de la République, prévoit 24.000 nouvelles suppressions de postes dans les armées d\'ici à 2019, soit près de 10 % des effectifs. Sans fermeture de sites. \"Au terme de la loi de programmation militaire 2014-2019, les effectifs du ministère seront réduits de 24.000 hommes supplémentaires pour atteindre des effectifs de l\'ordre de 250.000 personnels de la défense\", a affirmé le chef de l\'Etat, soulignant que ceux-ci figuraient parmi les plus importants en Europe. Il a aussi confirmé le maintien \"à son niveau actuel\" de \"l\'effort pour notre défense\". \"Le budget sera fixé en 2014 à 31,4 milliards d\'euros, c\'est-à-dire exactement le même montant qu\'en 2012 et en 2013. Pour l\'ensemble de la période 2014-2025, cela représentera 365 milliards d\'euros, dont 179,2 milliards d\'euros pour la période 2014-2019\", a-t-il aussi confirmé. Dans son entourage, on confirme qu\'il n\'y a aucun arrêt de programmes en cours.François Hollande a réaffirmé sa volonté de conserver les deux composantes de la dissuasion nucléaire, océanique et aéroportée. La dissuasion \"nous protège de toute agression ou de tout chantage qui menacerait nos intérêts vitaux, explique-t-il. C\'est sa raison d\'être. Elle préserve notre liberté d\'action et notre souveraineté. Elle convainc tout adversaire de ne pas s\'en prendre à la France au risque de dommages considérables pour son territoire\". Et de répondre à \"certains\", qui \"dénoncent régulièrement le coût pour nos finances publiques (...). La dépense affectée à la dissuasion représente aujourd\'hui 11 % du budget annuel de la défense. 11 % est-ce trop pour sanctuariser la sécurité de notre pays ? Je ne le pense pas. D\'autant plus que l\'innovation et la recherche nous ont permis de réaliser des économies substantielles sur les programmes\".Relance de l\'Europe de la défenseFrançois Hollande a affirmé la volonté de la France d\'\"ouvrir une nouvelle étape de l\'Europe de la défense\", indiquant qu\'il ferait des propositions dans ce domaine d\'ici le conseil européen de décembre 2013, qui doit être consacré à ce sujet. \"Les opérations militaires récentes ont montré combien nous devions travailler avec l\'Union européenne, notamment pour être en mesure de répondre aux crises. C\'est pourquoi la France veut ouvrir une nouvelle étape de l\'Europe de la défense\", a-t-il précisé. \"La maîtrise des finances publiques partout en Europe exige et invite à mutualiser les capacités, à prendre davantage d\'initiatives et à nous appuyer sur les matériels fabriqués en coopération\", a-t-il expliqué soulignant que \"c\'est ce que la France fait déjà avec le Royaume Uni, pour construire notamment une force d\'intervention conjointe\".\"C\'est aussi ce que la France veut faire avec l\'Allemagne, y compris pour des interventions militaires extérieures\", a également affirmé le président. De même, il a souhaité \"poursuivre nos partenariats avec la Belgique, l\'Italie ou l\'Espagne et associer les nouveaux membres de l\'Union européenne à cette démarche. A commencer par la Pologne et les pays du groupe de Visegrad\" (Hongrie, Pologne, République tchèque, Slovaquie). \"Car l\'Europe de la défense, a-t-il souligné, ça doit être l\'Europe toute entière\". \"Je ferai des propositions sur ces sujets d\'ici le conseil européen de décembre 2013 qui doit être consacré à la défense\", a annoncé le chef de l\'Etat, en précisant que celles-ci \"porteront sur nos présence dans les Balkans, en Méditerranée, au Proche-Orient, en Asie\". \"Elles concerneront aussi les coopérations\", en particulier \"dans les domaines du transport aérien, des satellites d\'observation, du ravitaillement, des drones\". Enfin, François Hollande a aussi estimé que la France devait \"prendre toute (sa) place, revendiquer toute son influence\" dans l\'Otan \"sans pour autant perdre sa liberté d\'action et de décision, et encore moins diluer le caractère national de notre défense\".Des programmes préservés et le capital des groupes d\'armement évolueraAfin de rassurer les industriels de l\'armement, François Hollande a assuré qu\'\"aucun programme lancé ne sera arrêté, à la fois, pour des raisons de capacité,d\'efficacité, mais aussi parce que j\'entends préserver notre industrie de défense\". Dans ce cadre, les forces armées \"seront dotées à l\'horizon 2025 - 2030 de matériels modernes et performants, prenant en compte l\'évolution des modes de confrontations armées. Je pense aux drones de surveillance et de combat, dont la décision de les commander a été trop longtemps différée, au risque d\'être amenés dans certaines interventions à demander et à solliciter l\'appui de nos alliés. Nous avons donc l\'obligation aujourd\'hui de commander ces matériels. Nous avons aussi la volonté d\'engager les commandes des avions de transport A400M et de ravitaillement en vol MRTT, aux missiles anti-navires légers (un programme en coopération avec les Britanniques, ndlr) ou encore aux frégates multirôles FREMM et aux véhicules blindés VBMR\" .Pour faire face également aux nouvelles menaces - cyber-attaques, terrorisme -, \"les crédits consacrés au renseignement, à la police et à la justice seront augmentés\" et François Hollande tient aussi \"à relancer la politique spatiale avec les satellites d\'observation MUSIS et d\'interception électromagnétique CERES.Tous ces investissements indispensables à la préparation du futur s\'ajouteront aux programmes déjà lancés : Rafale, hélicoptères d\'attaque Tigre et de transport NH-90, sous-marins Barracuda et le système Félin\". Enfin, François Hollande a souligné que \"les participations détenues par l\'État évolueront. Des alliances industrielles nouvelles seront nouées notamment à l\'échelle européenne\". 
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