Téhéran compte ses ennemis et ses amis

Tout pays qui se mettra dans le camp américain dans son complot contre l'Iran sera considéré par nous comme un ennemi et nous opérerons des représailles »?: dixit le président iranien Mahmud Ahmadinejad, à l'aube de la décision européenne d'imposer de nouvelles sanctions contre Téhéran. Reste à savoir qui va se sentir concerné... La Chine?? Sans états d'âme, généralement, Pékin a préféré suivre cette fois-ci ses partenaires du Conseil de sécurité de l'ONU en votant en faveur de nouvelles sanctions, même si la délégation chinoise a tout fait pour édulcorer les mesures prises. Portant essentiellement sur l'interdiction de la fabrication d'armes lourdes, la cessation des activités d'exploitation d'uranium ainsi que des sanctions vis-à-vis d'entreprises iraniennes, la palette onusienne n'empêche en rien la Chine de continuer à traiter avec l'Iran dans le domaine pétrolier. Quant à la Russie, elle est entre deux feux. Si elle a résisté, comme la Chine, à l'imposition de sanctions plus sévères envers l'Iran par l'ONU, elle a récemment durci le ton face à Téhéran. Moscou a demandé à l'Iran de s'expliquer sur « tout aspect militaire » de son programme nucléaire. Une façon de se concilier les grâces des Européens, et surtout, d'éviter de froisser l'un de ses principaux clients en matière de gaz et de pétrole. Cependant, la Russie ne peut se mettre l'Iran à dos, puisqu'elle aurait du mal à se passer de ce précieux partenaire dans le cadre de son grand dessein, celui d'approvisionner l'Europe via le réseau de gazoduc Nabucco. La Turquie, enfin. Ankara appliquera « les sanctions votées par l'ONU, mais pas celles décidées par d'autres pays », a affirmé ce lundi le gouvernement turc. Autrement dit, les mesures américaines « blacklistant » les entreprises, même étrangères, qui feraient affaires avec l'Iran ne concerneront pas, du point de vue turc, les sociétés nationales comme Som Petrol, qui vient de signer un accord de 1 milliard d'euros avec l'Iran pour la construction d'un pipeline. Le gouvernement turc a toutefois tenu à préciser qu'il n'était pas impliqué dans cette décision, qui pourrait irriter Américains comme Européens... Ce sont les entreprises privées occidentales et iraniennes, ainsi que les particuliers, qui sont visées au premier chef par les sanctions internationales. Et quelle que soit l'interprétation donnée aux mesures onusiennes, américaines et européennes, le simple fait qu'elles existent est une arme de dissuasion. L. J. B. et E. P.
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