Merkel réclame encore plus d'argent aux industriels de l'atome

Hier, sous les coups de midi au fin fond de la Basse-Saxe, les patrons des deux plus grands groupes d'énergie allemands, RWE et E.ON, s'attendaient à une rencontre orageuse avec la chancelière Merkel. Mais ils ne s'attendaient sûrement pas à devoir en plus encaisser un nouveau coup rude de sa part. Et, c'est pourtant lors de cette visite de la centrale nucléaire « Emsland » exploitée par RWE à Lingen que la chancelière chrétienne-démocrate, une physicienne de formation nullement hostile à l'énergie nucléaire, a laissé entendre que les quatre groupes d'énergie exploitant des centrales nucléaires outre-Rhin (RWE, E.ON, le suédois Vattenfall et EnBW, détenu à 45 % par EDF) devront non seulement verser chaque année 2,3 milliards d'euros mais en plus contribuer financièrement aux incitations fiscales pour les énergies renouvelables. Cette annonce constitue une véritable gifle aux patrons de l'énergie. La semaine dernière ils avaient d'abord plaidé dans le tabloïd « Bild » contre le prélèvement par l'État fédéral d'une dîme annuelle de 2,3 milliards d'euros en contrepartie du prolongement de l'exploitation de la plupart de leurs centrales nucléaires. Actuellement, une loi de sortie du nucléaire civil est en effet en vigueur, votée à l'époque du gouvernement social-démocrate écologiste du chancelier Schröder.Épurer la detteLa majorité actuelle chrétienne-démocrate libérale a, elle, consenti à ralentir la sortie du nucléaire, qu'elle qualifie de « technologie de transition » vers le tout-énergie renouvelable, sinon toutes les centrales devraient être fermées entre 2010 et 2022. En ces temps de vaches maigres financières, le ministre des Finances, Wolfgang Schäuble, a fait acter début juin que les 2,3 milliards d'euros de compensation (baptisé « impôt ») serviraient à épurer une partie de la dette publique allemande. Cela doit être entériné lors du prochain conseil des ministres mercredi prochain. Mais cela ne fait pas consensus au sein du gouvernement où d'autres ministres auraient préféré utiliser cet argent pour l'aide à la recherche. Il n'est d'ailleurs pas sûr que Merkel parvienne à ses fins sur ce dossier : une sortie plus lente du nucléaire semble nécessiter l'aval de la Chambre haute, où la chancelière n'a plus de majorité. Cela occupe déjà les juristes.Toujours est-il qu'Angela Merkel n'a non seulement pas reculé d'un pouce face aux pro-nucléaires mais en a plutôt rajouté. La campagne de presse lancée samedi dernier par les grands groupes d'énergie, mettant en avant le soutien à leur position pro-nucléaire de grands noms du patronat outre-Rhin (Deutsche Bank, Thyssen, BASF...) généralement proches de la chancelière, a ainsi fait long feu.
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