Peinture

La couleur, comme un premier rayon de lumière, chaud, voluptueux. Une couleur caressante, douce et vive à la fois, reflet d'une émotion, d'un instant qu'il faut retenir à jamais. Dufy, c'est d'abord ce sentiment-là qu'il évoque. Une manière de vivre qui s'attache autant aux atmosphères qu'à la nature. Cette exposition, au musée Paul-Valéry à Sète (Hérault), placée sous le signe de la Méditerranée en est le plus rayonnant exemple.Dufy a beaucoup voyagé, attiré très souvent pas la mer, lui qui est né au Havre. Mais ce ne sont pas les ciels ombrageux, chargés d'orages qui l'intéressent, même si à ses débuts il regarde du côté du peintre Eugène Boudin. Non ! Plutôt ces horizons qui se perdent à l'infini, ces ports où claquent les haubans des voiliers, ces promeneurs rêveurs, témoins d'une fête quotidienne que leur offre la nature. Dufy, c'est Matisse qu'il admire. Comme lui, il va jouer merveilleusement avec la couleur lorsqu'elle se laisse piéger par la chaleur, une brise marine ou le flot des vagues. Pourtant, ses premiers tableaux, comme « le Marché aux poissons à Marseille » (1904), sont encore sombres, malgré quelques éclats de lumière. Dufy n'a pas encore trouvé cette touche entre dessin et peinture qui va le caractériser. Il va tout souligner d'un trait noir, comme pour mieux exalter la forme dans ce qu'elle exprime de vérité. Dufy suggère, n'appuie jamais son propos. Le soleil, la Méditerranée, c'est d'abord un moment d'abandon, qu'il soit dans un paysage, une nature morte ou un nu. La toile semble brûler de désir. Elle s'enflamme dans les tons rouges comme avec « Nu dans l'Atelier » (1945). Dans cet esprit, « la Terrasse sur la plage » (1907) n'est plus qu'une symphonie de notes colorées et « la Jetée et la Promenade à Nice » (1926), comme un rêve nocturne de fête à venir. Il en est ainsi de toute l'oeuvre de Dufy composée en Méditerranée. Une oeuvre ancrée dans le désir, témoin d'un bonheur à partager. Avec lui, la peinture est une fête. En revanche on ne comprend pas très bien l'accrochage de quelques toiles qui représentent des orchestres, des accessoires de musique, même si l'on peut les rattacher à une certaine idée de volupté. Elles sont belles. C'est ce qui compte.JEAN-LOUIS PINTE
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