Fonds de pension  :  le risque de sous-financement mal appréhendé

La chute des cours de Bourse ces dernières années a détérioré l'adéquation actif-passif des fonds de pension. Cela n'est pas sans conséquence sur leur ALM (« asset-liability management », gestion actif-passif), technique qui vise à mettre en place «?une solution de gestion correspondant aux engagements de paiement long terme?», explique Franck Nicolas, directeur de l'allocation d'actifs et de l'ALM chez Natixis Asset Management. «?Les techniques modernes de gestion actif-passif permettent de limiter le risque de sous-provisonnement?», déclare Samuel Sender, directeur d'étude à l'Edhec-Risk Institute et auteur d'une étude sur les pratiques de couverture de l'actif-passif des fonds de pension européens (*). Ces techniques reposent sur une séparation de l'actif en deux blocs?: le portefeuille de réplication du passif et le portefeuille de recherche de performance. Le premier représente l'actif sans risque pour un fonds de pension, et pendant les périodes de crises financières, les fonds de pension désireux d'éviter la volatilité des marchés investiront principalement sur ce portefeuille.Pourtant près de 45?% des répondants de l'étude n'identifient pas ces deux blocs, ce qui rend naturellement complexe le retour à une stratégie peu risquée en période de crise. Quant au portefeuille de recherche de performance, il doit être bien diversifié. Les fonds de pension détiennent néanmoins une forte proportion d'actions (32?%) dans leurs actifs risqués. Leur exposition au risque actions se fait souvent à travers des fonds également peu diversifiés d'un point de vue statistique puisqu'ils sont pondérés par les capitalisations boursières.DisciplineEnfin, s'assurer contre le risque de sous-provisionnement demande de réduire l'allocation aux actifs risqués et de revenir vers le portefeuille de réplication du passif avant épuisement des surplus du fonds de pension. Pour cela, une stratégie d'investissement disciplinée est nécessaire. Or «?les fonds de pension ont souvent une stratégie dite discrétionnaire où les politiques d'allocation d'actifs se décident en comité avec comme risque d'ajuster le portefeuille trop tardivement?», constate Samuel Sender. «?Une gestion dynamique permet de rééquilibrer l'actif-passif?», note Franck Nicolas.Le sous-provisionnement peut aussi se régler en demandant aux sponsors du fonds de remettre au pot. Ou encore en réduisant la sensibilité du portefeuille. «?Ces derniers temps, les taux ont beaucoup baissé, indique Franck Nicolas. La difficulté est d'avoir la duration suffisante pour capter cette baisse et enregistrer d'importants rendements?». Certains fonds de pension n'ont pas hésité à utiliser des obligations privées permettant une actualisation de leur passif sur la base de taux élevés. «?Le problème est que, si les spreads redescendent, les fonds de pension ne pourront pas utiliser cet artifice, prévient Franck Nicolas. Les rendements ne seront plus assez élevés pour compenser la hausse du passif.?» C'est un cercle vicieux. Certains fonds de pension tentent d'actualiser sur des taux élevés ce qui fait baisser les engagements et inversement.Toutefois, depuis 2003, une directive européenne sur les fonds de pension leur impose d'éviter le sous-provisionnement, et les réglementations nationales sont, depuis le début du siècle, devenues plus strictes sur les niveaux de provisionnement exigés, d'où l'importance des stratégies ALM.(*) Étude réalisée auprès de 129 spécialistes de la gestion actif-passif représentant environ 3.000 milliards de dollars d'encours.
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