L'opération Petrobras est incontestablement le « deal » de l'année. Pourtant, la vingtaine de banques d'affaires y ayant participé ne se partageront que 0,21 % de la recette de l'opération, soit 163 millions de dollars. Si de grands noms de la finance internationale (Citigroup, Santander, Morgan Stanley) se sont tant battus pour en faire partie, c'est pour figurer en bonne place dans le classement des levées de capitaux pilotées par les banques d'investissement, les fameuses « league tables ». Car l'opération Petrobras doit permettre à ces établissements de gagner des clients chez les émergents - entreprises, gouvernements et investisseurs - où la concurrence locale se fait toujours plus vive. Dans le cas de Petrobras, Banco Bradesco BBI, la banque de financement et d'investissement (BFI) du brésilien Bradesco, était chef de file. Selon Thomson Reuters, cinq établissements brésiliens figurent dans le Top 10 des banques ayant organisé le plus d'introductions en Bourse à Sao Paulo en 2010 et trois sont présents dans le Top 11 des fusions-acquisitions conclues dans le pays. Ces classements sont tous deux dominés par Banco BTG Pactual. À l'international, « les leaders des entrées en Bourse et des fusions restent les anglo-saxons, une opération de la taille de Petrobras ne peut se réaliser sans eux », note Bruno Vanier, directeur de la gestion actions chez Edmond de Rothschild Asset Management. « La différence avec le passé, c'est que les établissements des pays émergents gagnent du terrain, parfois pour des raisons politiques, mais aussi car ils sont bien placés pour vendre des titres au niveau local, où l'épargne s'institutionnalise, notamment grâce aux fonds de pension », précise le gérant. BFI et « boutiques » occidentales (UBS, Evercore, Standard Chartered...) renforcent leurs opérations dans les émergents. Depuis janvier, Goldman Sachs a étoffé ses équipes de 40 % en Chine où la banque n'a piloté aucune entrée en Bourse cette année, alors qu'elle est la principale organisatrice d'introductions de sociétés chinoises sur des places étrangères. UBS est la première BFI occidentale pour les introductions en yuans... mais se situe à la 18e place des « league tables » chinoises dont elle était troisième en 2007. Éric Chalmet

latribune.fr

27 Sept 2010, 3:17

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