Nous vivons dans un monde dangereux : Enron, 11 septembre, Madoff, Afghanistan, Irak, frontière mexicaine, piraterie de l'océan Indien, Pakistan, Somalie. Non pas qu'auparavant il ne l'était pas, par exemple à l'époque de la guerre froide, mais le danger a changé de nature, à tel point que nous ne l'avons pas perçu. Face à ces nouveaux dangers, « le négatif fond commun, la périlleuse unicité inaperçue de ces épisodes disparates sont bien l'aveuglement, la fascination pour l'accessoire, le dédain pour l'essentiel », remarque Xavier Raufer dans « les Nouveaux Dangers planétaires ».Ce spécialiste international, qui enseigne à l'Institut de criminologie, souligne combien nous refusons de voir la réalité des agissements violents d'organisations mafieuses et terroristes. Nous, c'est, par exemple, les autorités européennes, qui, dans un livre blanc, « présentent d'usage comme menaces futures des dangers actuels ? certains même constants depuis vingt ans et plus (crime organisé, islamisme?) », ironise Xavier Rauffer. Mais outre la mine d'informations fournie par l'auteur dans cet ouvrage, et des mesures concrètes suggérées, c'est sa méthode qui en fait l'originalité. Constatant que dans nos sociétés modernes, c'est la perte même du sens des mots qui est en partie responsable de notre incapacité à saisir la nouveauté des phénomènes violents, il recourt à la phénoménologie, un courant de pensée créé par le philosophe allemand Edmund Husserl, et surtout aux textes d'un des plus grands philosophes du XXe siècle, Martin Heidegger, pour comprendre cette attitude. Cette confrontation, pour le moins étrange de prime abord, devient lumineuse pour appréhender le monde réel dans lequel nous vivons.Sur Heidegger, philosophe controversé pour avoir adhéré au nazisme, mais sans qu'aucun crime ne lui soit imputé, on recommandera l'ouvrage de Céline Belloq. Cette professeure de philosophie réussit la prouesse de nous expliquer, dans un style clair et vivant, combien la pensée de Heidegger, réputée absconse et obscure, peut nous aider à comprendre ce que nous sommes dans notre vie quotidienne. Cela en fait la meilleure introduction pour le lecteur francophone à l'?uvre d'un des plus importants penseurs du XXe siècle avec Ludwig Wittgenstein.Robert Jules« Les Nouveaux Dangers planétaires », de Xavier Raufer, Éditions du CNRS, 254 pages, 20 euros.« Être soi avec Heidegger », de Céline Belloq, Éditions Eyrolles, 176 pages, 14 euros.

latribune.fr

27 Nov 2009, 1:43

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